Que faire pour éviter la famine à Gaza ?
Sous le coup de la guerre menée par Israël contre l'organisation islamiste radicale Hamas à Gaza, la situation s'est fortement détériorée pour la population civile, qui est désormais menacée de famine, selon Washington. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, accuse Israël de bloquer l'aide trop longtemps aux points de contrôle. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, assure pour sa part que l'Etat hébreu fait son possible pour la faciliter.
Faire pression sur Nétanyahou
El País fait le commentaire suivant :
«Nétanyahou sait que seule la poursuite des hostilités lui permettra de se maintenir au pouvoir. … S'il n'a pas fermé la porte à des négociations, rien n'indique qu'il compte changer son fusil d'épaule ; il refuse d'ouvrir des corridors humanitaires pour la population civile. … Les Etats-Unis devraient coupler leur aide militaire à Israël à certaines conditions, et l'UE devrait revoir ses relations avec l'Etat hébreu. Etats-Unis et UE devraient envisager la reconnaissance d'un Etat palestinien. … Et surtout, exiger le respect des mesures édictées par la Cour internationale de justice de La Haye il y a un mois : tout faire pour empêcher les crimes de guerre. La situation est grave, il faut accroître la pression sur Nétanyahou.»
Un désastre provoqué par l'Homme
Le soutien à Israël doit être assorti de certaines conditions, juge aussi The Guardian :
«La question n'est plus de savoir si des Palestiniens mourront de faim, mais combien d'entre eux succomberont à la famine. ... Des familles s'alimentent avec de la nourriture pour animaux et des herbes et boivent de l'eau souillée. Il ne s'agit pas d'une catastrophe naturelle, mais d'une famine entièrement provoquée par l'Homme. ... Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a accusé Israël d'utiliser la faim comme une arme de guerre. Mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) a indiqué que les restrictions sur l'apport de l'aide humanitaire pourraient constituer un crime de guerre. ... Les Etats-Unis doivent établir clairement que s'ils soutiennent le droit et le devoir d'Israël de protéger ses citoyens, leur aide militaire doit être conditionnée à la protection des civils à Gaza.»
La responsabilité du Hamas
L'Etat hébreu n'est pas le seul coupable, rétorque Corriere della Sera :
«Pourquoi aucun de ceux, et ils sont nombreux, qui font part de leur indignation sur le 'génocide' qu'Israël commettrait contre les Palestiniens à Gaza n'évoquent-ils pas une évidence : à savoir que si le Hamas, en contrepartie d'un cessez-le-feu, s'engageait à libérer les plus de 100 otages capturés lors du pogrom du 7 octobre, le gouvernement israélien se sentirait probablement contraint de mettre fin à ce 'génocide' ? Et pourquoi ne vient-il à l'idée de personne que si les terroristes du Hamas ne libèrent pas les otages, ils ont peut-être eux aussi une responsabilité dans la mort des habitants de Gaza ?»
Des accusations contreproductives
Le quotidien Irish Independent appelle à joindre la parole aux actes :
«Les organisations humanitaires accusent Israël d'orchestrer le blocus de la bande de Gaza, tandis que l'Etat hébreu affirme laisser passer l'aide et pointe la responsabilité de l'ONU et des organisations humanitaires. Or cette énergie dilapidée en accusations mutuelles ne remplira le ventre de personne dans l'enclave assiégée. ... Sans cessez-le-feu, des centaines de milliers de personnes, pour ne pas dire des millions, sont en danger de mort. Le monde ne peut se résoudre à observer passivement une famine provoquée par l'Homme entraîner une hécatombe.»
Le pire ennemi d'Israël est peut-être son gouvernement
Ibtihal Jadib, chroniqueuse à De Volkskrant, appelle les parties à se montrer plus pragmatiques :
«Tout acte de représailles entraîne de nouvelles pertes. Le Hamas n'aura bientôt plus de population qu'il pourra (affirmer) défendre. Le gouvernement israélien a ruiné sa réputation sur la scène internationale. Les deux camps sont déconnectés des réalités. ... Si le plan de Nétanyahou consiste uniquement à réduire en ruines la bande de Gaza, de nouvelles menaces surgiront inévitablement de cette zone de non-droit. Il faut protéger la population israélienne de nombreux ennemis, mais le gouvernement israélien actuel est peut-être son plus grand ennemi.»