Portugal : les 50 ans de la révolution des oeillets

Le Portugal commémore ce jeudi la chute de la dictature de Salazar, en 1974. La révolution des œillets avait ouvert la voie à la démocratie, à l'intégration européenne et à l'indépendance pour les anciennes colonies portugaises. La presse mène une réflexion sur l'état du pays, suite notamment au récent scrutin législatif, lors duquel Chega, proche idéologiquement du régime de Salazar, est devenu le troisième parti politique.

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Correio da Manhã (PT) /

Les électeurs répondent présents

Pour Correio da Manhã, la participation électorale élevée illustre la vivacité de la démocratie portugaise :

«L'histoire a voulu que l'anniversaire du 25 avril coïncide avec une période marquée par une vision optimiste de la démocratie, comme l'a montré le recul de l'abstention aux dernières élections - une tendance que les sceptiques jugeaient impossible. En fin de compte, davantage de Portugais sont allés voter que lors de ces dernières décennies. ... Avec les nouveaux partis, les Portugais qui s'étaient abstenus précédemment se sont réconciliés avec le système, les jeunes ont répondu présents et une certaine euphorie électorale a fait son retour.»

Observador (PT) /

Des problèmes qu'on ne peut occulter

Le commémoration d'un sombre passé ne doit pas avoir pour effet d'enjoliver le présent, fait valoir Observador :

«50 ans plus tard, le pays reste à la traîne et voit ses ressortissants les plus audacieux émigrer à l'étranger. En 50 ans, le Portugal a fait trois fois faillite, et il a même vécu, ces dernières années, un phénomène plus inquiétant encore : la faillite de l'Etat-providence et le naufrage d'institutions comme l'école publique, censée être la garante de l'ascension sociale. La simplification du passé ne permet pas d'excuser l'échec du présent, mais elle constitue une sorte de trêve, comme si les maux du passé, en constituant un vil contrepoint, contribuaient à minimiser ceux du présent.»

Expresso (PT) /

Les nostalgiques de Salazar

Dans Expresso, le journaliste Paulo Baldaia appelle à la vigilance face aux velléités passéistes des milieux de droite :

«Cette droite cherche à fustiger les 'excès du wokisme', 'l'idéologie du genre' et une 'soviétisation des écoles'. Lors de l'anniversaire du 25 avril, ces individus de droite se sentent plutôt mal à l'aise et rêvent d'un retour à l'époque où prévalait la devise 'Dieu, Patrie et Famille'. ... 34 pour cent des Portugais se disent favorables à un leader fort, qui n'ait pas à se soucier des élections et de l'opposition. Comme on le voit, il existe encore une marge de manœuvre considérable pour cette droite réactionnaire, qui ressent le besoin de lutter pour un retour vers le passé.»