Rafah : peut-on encore empêcher empêcher l'offensive ?
L'organisation islamiste radicale Hamas a indiqué avoir accepté les conditions d'un cessez-le-feu à Gaza, négocié par le biais d'une médiation. La proposition est loin de satisfaire les revendications israéliennes, selon Benyamin Nétanyahou, qui veut toutefois envoyer une délégation aux négociations en Egypte. Le Premier ministre israélien a maintenu l'offensive sur Rafah, et Tsahal contrôle aujourd'hui des parties de la ville et la partie palestinienne du poste-frontière.
Il est grand temps que les souffrances cessent
Turun Sanomat appelle à tout mettre en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu immédiat :
«La situation se dégrade à Rafah. Israël veut éradiquer le Hamas dans cette zone également, ce qui ne fera qu'aggraver la crise humanitaire. ... La direction du Hamas devait savoir comment Israël réagirait à un attentat terroriste sanglant. Si son objectif était de nuire à l'image internationale d'Israël, il y est parvenu. Mais le prix à payer a été terrible : des dizaines de milliers de victimes civiles, palestiniennes pour la plupart. La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu'un cessez-le-feu soit décrété à Gaza, car une occasion similaire ne se reproduira probablement pas de sitôt. Il faut que la souffrance de la population civile cesse.»
La funeste indécision de Biden
The Guardian déplore que Washington ne se soit pas clairement opposé à l'action de l'Etat hébreu :
«Les Etats-Unis se montrent bien trop timorés, notamment vis-à-vis des exigences d'Israël, alors qu'ils sont de loin le protagoniste extérieur le plus influent. La prudence excessive est la marque de fabrique de la présidence de Joe Biden. Sa réticence à risquer une confrontation avec la Russie a mené l'Ukraine, deux ans après l'invasion du pays ordonné par Vladimir Poutine, au bord de la défaite. De la même façon, le refus du président américain de s'opposer clairement et d'emblée au Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou sur la question de Gaza a fortement contribué à aggraver la catastrophe - et entraîné une perte de popularité de Biden auprès de nombreux électeurs américains.»
Pas de paix possible avec le Hamas
Il ne peut y avoir de paix avec le Hamas, fait valoir Berlingske :
«Le Hamas a approuvé lundi les termes d'un cessez-le-feu pour obtenir un soutien international et faire pression sur Israël, mais cette entreprise était vouée à l'échec, bien que le gouvernement israélien ait rapidement dû affirmer qu'il n'y souscrivait pas. ... Car ce cessez-le-feu aurait difficilement pu favoriser une paix durable. Les Israéliens vont devoir faire particulièrement attention à ce qu'ils vont faire désormais. Une attaque sanglante sur Rafah, qui occasionnerait des milliers de victimes civiles, serait contreproductive. Mais le Hamas doit disparaître - c'est un préalable à la paix.»
Le véritable médiateur, c'est Erdoğan
La Repubblica attribue au président turc, Tayyip Erdoğan, un rôle déterminant dans la négociation d'un cessez-le-feu :
«Israël dira-t-il oui ? En réalité, cela importe peu. Car si l'Etat hébreu dit non, Ismaïl Haniyeh a déjà décidé de maintenir son oui, pour que la responsabilité de la guerre devienne entièrement celle de Nétanyahou. ... Qu'est-ce qui a changé pour le Hamas ? Manifestement, le fait que les 132 otages restant à Gaza sont morts, pour la plupart. Plus la guerre continue, plus le Hamas perd sa 'monnaie d'échange'. C'est surtout Erdoğan qui a fait bouger les lignes. ... Il a une plus grande influence que le Qatar sur le Hamas, car il n'est pas un allié, mais un ami. Un ami fraternel de Haniyeh et de la moitié du bureau politique de l'organisation, avec laquelle il partage la matrice des Frères musulmans.»
Que veut vraiment Nétanyahou ?
The Irish Times conseille vivement au Premier ministre israélien d'accepter le projet de trêve :
«Certains de ses alliés, notamment les Etats-Unis, ont imploré Nétanyahou de faire preuve de retenue. Faute de quoi un débat sur des sanctions et des restrictions des livraisons d'armes deviendrait inévitable pour une grande partie de ces alliés, sous la pression de la politique intérieure. De plus, au vu des avancées des négociations de cessez-le-feu, beaucoup se demanderont si la libération des otages est réellement une priorité du Premier ministre ou s'il se soucie davantage de brosser dans le sens du poil les membres extrémistes de son cabinet.»
Renoncer n'est pas une option
Israël ne peut accepter aucun cessez-le-feu durable dans les conditions actuelles, fait valoir The Spectator :
«Il faut que les combats reprennent afin de pouvoir vaincre le Hamas. Israël ne peut laisser l'organisation garder le contrôle de Gaza et continuer d'attaquer les Israéliens, comme celle-ci a juré de le faire. Les attaques du 7 octobre ont montré qu'il s'agit d'une menace qu'il faut éliminer, ou du moins réduire à un niveau acceptable. Pour y parvenir, Israël doit déloger le Hamas de Rafah.»
On peut redouter le pire
Delo craint que l'offensive terrestre à Rafah n'ait déjà commencé :
«Le début de l'évacuation forcée des habitants de Rafah - des personnes épuisées, affamées, malades, traumatisées et qui ont déjà été déplacées à maintes reprises au sein du territoire - peut être considéré comme l'amorce de la grande offensive terrestre israélienne, annoncée de longue date, qui pourrait déclencher une nouvelles vague d'horreurs indescriptibles à Gaza. Une attaque frontale sur la ville, dans laquelle s'entassent, dans des conditions terribles, 14 000 personnes par kilomètre carré en moyenne, et qui est dans le même temps l'épicentre de la plupart des (rares) interventions humanitaires dans toute l'enclave palestinienne, pourrait déboucher sur la pire des horreurs que notre époque, pourtant minée par les guerres, ait produites.»