Salvini bloque un autre navire de réfugiés
Après l'intervention du président italien Sergio Mattarella, 67 migrants recueillis par un navire des garde-côtes ont pu fouler le sol italien jeudi soir. Le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, avait dans un premier temps empêché le navire d'accoster en Sicile, puis interdit que les hommes ne débarquent. Quel est l'objectif de Salvini ?
Ridicule, mais dangereux
L'Etat de droit a encore raison de Salvini, mais le danger des arrestations arbitraires comme au temps du fascisme n'est pas exorcisé, met en garde La Repubblica:
«Matteo Salvini se fait passer pour Superman et joue les gros bras sur Twitter. … Il est bien sûr facile de rire du capitaine (comme le surnomment ses hommes), qui brise un jour le pouvoir de l'Allemagne de Merkel et reproche le lendemain au Français Macron d'être un ploutocrate. Le monde est rempli de racistes, mais Salvini, bien que ridicule, est plus dangereux que les autres, car il répond à l'appel de la droite italienne en mal d'un homme fort. Avec une réelle passion, il prend tout le monde pour cible : pauvres, naufragés, noirs, musulmans, homosexuels, sans-abris, Roms. … Il veut tous leur mettre les menottes.»
La légalité, un terme élastique
Criminaliser le sauvetage d'être humains est redevenu acceptable en Europe, déplore l'écrivaine Julya Rabinowich dans Der Standard :
«On se demandera un jour comment on a pu tomber aussi bas. Une fois de plus. Et comment il est redevenu possible, en Europe, de traiter des personnes qui sauvent d'autres personnes comme des criminels. Comment on a pu accepter d'immobiliser des navires de sauvetage, et d'exposer chaque jour des réfugiés à un danger de mort, voire à une mort certaine, tout en affirmant être en conformité avec la loi. ... Ceux qui avaient caché jadis Anne Frank et sa famille ont eux-aussi agi de manière répréhensible et illégale. Et ceux qui ont assassiné Anne Frank ont agi de façon légale. La légalité est un terme élastique. Mais la mort, elle, est définitive.»
Une pseudo-crise pour détruire l'UE
Dans Le Monde, l'ex-Premier ministre belge et eurodéputé libéral Guy Verhofstadt s'interroge sur les desseins de Salvini :
«Ses méthodes de pirate sont moins hypocrites que celles du chancelier autrichien Sebastian Kurz, mais leur objectif est le même, avec leur acolyte et mentor hongrois Viktor Orbán et leurs affidés, telle Marine Le Pen : détruire l'UE. Que personne ne s'y trompe. Cette pseudo-crise est un combat politique et idéologique contre la construction européenne. … S'il est un point qui doit nous distinguer des populistes, c'est bien l'humanisme. Celui qui inspirait les Pères fondateurs, qui ont eu à affronter le pire de la lèpre nationaliste et populiste mais sans jamais céder.»
Salvini montre la voie
Pour le politologue Zoltán Kiszelly, les navires qui secourent les migrants sont financés par le milliardaire américain George Soros. Il est judicieux de neutraliser les équipages de ces bateaux, écrit-il sur le portail conservateur Mozgástér :
«En interdisant aux 'navires Soros' d'accoster dans leurs ports, ou en interpelant immédiatement leurs équipages pour des soupçons de trafic d'être humains, le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, et le gouvernement maltais indiquent la marche à suivre. Ces images montrent aux millions de personnes en quête d'une vie meilleure qu'il ne vaut pas la peine de tenter la mortelle traversée. Parce qu'on n'embarque plus les migrants sur les 'navires Soros', et qu'on les renvoie en Afrique.»