Projets d'annexions : quelles conséquences pour Israël ?
Le gouvernement israélien délibère actuellement des projets d'annexion controversés de territoires occupés en Cisjordanie. En début d'année, le président américain avait donné son feu vert par le truchement de son plan de paix. Peu de temps après, le Premier ministre Netanyahou avait annoncé son intention d'engager l'annexion dès l'été - l'accord de coalition de son gouvernement évoquant la date du 1er juillet.
Droit à l'impasse
NRC Handelsblad pense qu'Israël se cause du tort à elle-même :
«On ne saurait obtenir la paix ou même s'en rapprocher quand l'une des parties prend unilatéralement des décisions par la politique des faits accomplis. L'annexion de territoires palestiniens sous le couvert d'un plan de paix est aussi cynique que contre-productif. ... Un processus de paix ne peut se mettre en place qu'à la condition qu'Israël reconnaisse qu'elle doit renoncer à ses colonies, en conformité avec le droit international. ... En agissant comme elle le fait, Israël s'enferre dans un dilemme. En pleine crise économique, le pays a besoin de calme et de stabilité, et non d'un regain de tensions. Si les Palestiniens sont perdants sur le court terme, sur le long terme, Israël fera elle aussi les frais de cette politique.»
Un mythe auquel les Palestiniens devraient renoncer
Dans Le Figaro, Emmanuel Navon, professeur en relations internationales à Tel Aviv et membre du Likoud, approuve l'annexion :
«L'annexion est souhaitable car elle lèvera un obstacle à la solution des deux États. Le fait que cette phrase vous laisse sans doute bouche bée prouve la pérennité des mythes. Car l'idée selon laquelle la solution des deux États sera fondée sur le retour d'Israël aux lignes d'armistice de 1949, sur la division de Jérusalem, et sur le retour des descendants des réfugiés palestiniens en Israël est un mythe. Aucun gouvernement israélien n'acceptera un État ennemi et armé surplombant Tel Aviv et traversant Jérusalem. ... Tant que les Palestiniens et les gouvernements qui les soutiennent insisteront sur ces chimères, il n'y aura pas de solution de deux États.»
Netanyahou redoute le départ de Trump
Milliyet explique pourquoi Netanyahou est si pressé :
«C'est parce qu'il a peur que Trump ne perde les élections dans quatre mois (ou qu'il sait que ce sera le cas). Netanyahou n'ignore pas que sans un protecteur comme Trump, il est impossible de garantir que l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte avalisent une annexion. Trump a amené ces trois pays (qui parviendront à obtenir l'assentiment de la quasi-totalité de la Ligue arabe) non seulement à se taire, mais aussi à soutenir son soi-disant plan de paix. Netanyahou sait qu'il aura déjà marqué un point s'il amène [son ministre de la Défense Bruno] Gantz à cautionner une annexion partielle. ... Et si Trump était réélu, Netanyahou annexerait le reste du pays dans une fenêtre temporelle de quatre ans.»