En visite en Grèce et à Chypre, le pape semonce l'Europe
Le pape François s'est rendu à Chypre et en Grèce, se rendant notamment à Lesbos pour la deuxième fois de son pontificat. Il a vivement critiqué le traitement que l'Europe réserve aux réfugiés, le qualifiant de "naufrage de civilisation". A Nicosie, il a qualifié les camps de réfugiés de lieux de torture et d'esclavage. Le pape s'est par ailleurs engagé à faire venir 50 réfugiés de Chypre en Italie.
Une réflexion exaltante
Irish Examiner ne tarit pas d'éloges sur le pape :
«En revenant à Lesbos - l'un des épicentres de l'immigration clandestine en Europe - pour la première fois depuis cinq ans, il a fustigé l'indifférence et l'égocentrisme des leaders européens, ainsi qu'une posture politique qui 'condamne à mort ceux qui sont à la marge'. ... Si la question migratoire a été le sujet dominant, le pape François a aussi choisi d'autres cibles. Tissant des parallèles avec l'Odyssée, il a évoqué les défis homériques auxquels sont confrontées les personnes faisant l'objet de la traite, et incité les jeunes à suivre leurs rêves, sans céder aux 'sirènes' consuméristes d'aujourd'hui. ... Il s'agit d'un sermon puissant et contemporain, délivré par un leader religieux à l'apogée de son éloquence. Cela mérite réflexion.»
Un gouvernement grec sans scrupules
Avgi fustige l'attitude des hommes d'Etat grecs :
«Le gouvernement a dû se sentir fort mal à l'aise lors de la visite du pape François. Car c'est le même gouvernement que l'on dénonce au niveau international pour ses pratiques barbares à l'encontre des réfugiés et des migrants. Ses pushbacks en mer. Ses kidnappings, ses passages à tabac et ses refoulements violents. Des rapports ne cessent d'être publiés en Europe sur cet état de fait, et le gouvernement ne les conteste même pas. ... Les membres du gouvernement ont même poussé l'impudence jusqu'à accompagner le pape [à Lesbos]. Ils ont prétendu écouter attentivement son prêche humanitaire.»
L'accueil des réfugiés doit rester rationnel
ABC revendique une solidarité qui ne mette pas en péril la prospérité de l'Europe :
«Le 'naufrage de civilisation' auquel l'évêque de Rome a fait allusion, en référence aux milliers de réfugiés qui attendent aux portes de l'Europe, se déroule à Lesbos et sur de nombreux rivages du continent. ... L'UE a l'obligation morale d'accueillir les réfugiés dans la mesure du possible, sans menacer le fragile équilibre économique et social qui lui permet de survivre et de rester un phare de liberté et de prospérité. Les pays en développement, de leur côté, doivent assumer leur responsabilité dans la construction d'un monde nouveau, qui ne commence pas et ne se termine pas en Europe. Il faut leur venir en aide.»
Un geste moral
Le pape entend accueillir quelques réfugiés en Italie. Une initiative que Nicosie ne doit pas interpréter à mauvais escient, fait valoir Cyprus Mail :
«Le pape a évoqué la nécessité de 'faire tomber les murs', 'd'accueillir et intégrer, de marcher ensemble de manière fraternelle'. En ramenant 50 migrants avec lui en Italie, il ne cherche pas à montrer le bon exemple à nos partenaires européens, mais à nous inciter à être plus hospitaliers et bienveillants envers les migrants. Il a suivi une argumentation morale, loin des considérations techniques liées à la gestion d'un afflux croissant de migrants.»