Des millions de personnes ont quitté l'Ukraine
Selon les estimations de l'ONU, jusqu'à quatre millions de personnes pourraient fuir l'Ukraine. Environ trois millions de réfugiés ont déjà atteint les frontières des pays voisins : Pologne, Roumanie, Moldavie, Slovaquie et Hongrie. Les éditorialistes appellent à se préparer à cet afflux et à accueillir aussi les demandeurs d'asile russes.
Se préparer à d'autres défis
La situation est confuse, juge Rzeczpospolita :
«Il est difficile d'affirmer quoi que ce soit avec certitude aujourd'hui. Qui a réussi à être pris en charge, et dans quel pays ? Combien de personnes ont réussi à trouver durablement un toit, et combien seulement un logement temporaire ? Combien s'installeront durablement en Pologne, et combien continueront leur route vers l'Ouest ? Combien sont en mesure de s'en sortir seules, et combien auront besoin d'aide et de soins ? ... Le temps presse, car nous pourrions bientôt avoir le problème d'une vague secondaire. Un nombre considérable de réfugiés est en effet pris en charge de manière provisoire dans des pensions et des hôtels.»
L'exode des Russes
Dans Le Monde, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, et Mikhail Zygar, ancien rédacteur en chef de la chaîne indépendante russe Dojd, évoquent l'émigration des Russes critiques du Kremlin :
«L'exode qui se déroule actuellement en Russie est comparable à la vague d'émigration massive qu'a connue l'Allemagne dans les années 1930 : ceux qui contestaient la politique d'Hitler fuyaient le pays. Parmi eux se trouvaient Albert Einstein, Robert Oppenheimer, Marlene Dietrich, Thomas Mann, ainsi que des milliers d'anonymes. Tout comme leurs prédécesseurs, les exilés russes quittent aujourd'hui leur terre natale dévastée. La bataille qu'ils livrent de longue date en faveur de la liberté et de la démocratie est aujourd'hui perdue.»
La solidarité sera un feu de paille
L'UE va bientôt changer de ton envers les réfugiés de guerre, prédit Avgi :
«Alors qu'une nouvelle guerre vient d'éclater encore plus près de chez nous, on va bientôt assister à la disparition de la solidarité européenne des premiers jours avec les réfugiés ukrainiens ainsi qu'à la détérioration de l'attitude de l'UE envers eux. Dans un proche avenir, de nouveaux murs et barbelés seront érigés pour stopper les Ukrainiens. La Grande-Bretagne a déjà montré le traitement qu'elle réservait à ceux qui tentaient de trouver refuge sur son territoire. D'autres pays ne vont pas tarder à lui emboîter le pas. Comme dans toute guerre, leur solidarité et leur humanité ont des limites et ne sont pas éternelles. Il ne reste donc plus qu'à espérer que cette guerre cesse. »
Retour à la normalité historique
Interia estime que la Pologne va faire face à un bouleversement social d'envergure :
«Une partie des réfugiés continueront probablement leur route vers d'autres pays de l'Union européenne, dans l'idée d'améliorer leur sort ailleurs. Beaucoup resteront néanmoins chez nous. Vu l'ampleur du phénomène migratoire, nous devons nous attendre à compter bientôt parmi nous un million de nouveaux citoyens. ... Il ne semble pas que ce chiffre soit exagéré. Il se traduira par un profond changement démographique et culturel et, d'une certaine façon, par un retour à la normalité polonaise, puisque tant la Première que la Deuxième République polonaise étaient en fait des Etats multiculturels. »
Nous pouvons tous venir en aide aux réfugiés
La Slovénie voit elle aussi augmenter le nombre de réfugiés en provenance d'Ukraine. Primorske novice appelle à faciliter leur intégration :
«Il y aura certainement un grand besoin de soutien psychologique. Nous accueillons des femmes et des enfants qui ont laissé une partie de leur famille en Ukraine, qui tremblent pour la vie du père de famille et doivent s'adapter à un environnement totalement nouveau. Chacun peut aider à relever ce défi en y mettant du sien. ... Nous pouvons apporter notre aide en nous montrant ouverts envers les enfants qui fréquenteront nos maternelles et nos écoles, en nouant des relations amicales et en étant aimables avec les mères qui cherchent du travail et qui deviendront peut-être nos collègues.»
Un marathon plutôt qu'un sprint
Il faudra faire preuve de patience et de résilience sur la question des réfugiés, souligne Új Szó :
«Espérons que cet élan humanitaire ne s’essoufflera pas. Car cette crise ressemblera malheureusement davantage à un marathon qu'à un sprint. Il faut veiller à éviter que ne se reproduise ce qu'il s'était passé avec le personnel de santé pendant la pandémie. Applaudi au départ, il s'était ensuite retrouvé exposé aux attaques des antivax. Les fâcheux ne manqueront pas de se manifester dans cette crise également. Avec la hausse du prix de l'essence et la venue d'un nombre croissant de réfugiés, ils auront tôt fait de leur jeter la pierre.»
Une main d'œuvre bienvenue
Lietuvos rytas appelle les Lituaniens à accueillir les réfugiés les bras ouverts :
«Tandis que les Ukrainiens versent leur sang pour la liberté de l'Europe, il paraît quelque peu égoïste d'évoquer l'aubaine que représentent ces réfugiés pour notre marché du travail. ... On propose aujourd'hui aux Ukrainiens plus d'un millier d'emplois. Un grand nombre d'entre eux pourrait travailler dans les hôtels, les restaurants, les supermarchés, les transports et l'industrie. Si la guerre prend fin et que l'Ukraine parvient à défendre son indépendance, ils seront probablement nombreux à vouloir retourner dans leur patrie. Mais certains s'adapteront aussi à la société lituanienne et s'y établiront.»