Les Suisses disent oui au 13e mois de retraite
En Suisse, dans le cadre d'une votation populaire, 58,2 pour cent des votants se sont déclarés favorables au versement d'une 13e allocation mensuelle de retraite (13e rente). Cela représente une hausse de 8,33 pour cent pour la caisse de retraite nationale (AVS) - premier pilier de la prévoyance vieillesse qui garantit une rente pour tous plafonnée à 2 450 francs. Il y a quelques années, une initiative similaire avait échoué.
Un tournant historique
Le quotidien Corriere del Ticino se réjouit :
«Le oui à la 13e rente AVS peut être considéré comme un évènement historique, et ce pour trois raisons au moins. D'abord, parce qu'après une longue série de tentatives manquées, les syndicats et la gauche sont parvenus pour la première fois à faire passer une hausse des retraites via une votation populaire, obtenant l'appui d'une part de l'électorat bourgeois. ... Deuxièmement, parce que jusqu'à maintenant, les arguments de soutenabilité financière et de praticabilité avaient toujours pris le pas sur les propositions étatistes et socialistes. ... Cette fois-ci, la majorité des électeurs n'ont pas écouté les traditionnels appels à la responsabilité et à la modération lancés par le monde politique et économique. ... Troisièmement, parce que cette votation pourrait marquer un tournant pour d'autres problématiques sociales.»
Imparfait faute d'alternatives
La Tribune de Genève explique pourquoi, selon lui, le 13e mois de retraite a été plébiscité :
«L'initiative a bénéficié d'un contexte favorable et des erreurs de ses opposants. Le contexte ? Les hausses de prix un peu partout, des assurances maladie à l'alimentaire, des loyers à l'énergie. De nombreux retraités ne parviennent plus à s'assurer une vie décente. Les erreurs ? Il y eut d'abord l'absence de contre-projet. L'initiative arrose l'ensemble des retraités, même les milliardaires, au détriment des actifs. Oui, c'est un défaut majeur. Mais pourquoi la droite n'a-t-elle pas proposé une version plus ciblée et mieux ficelée ? Par arrogance et certitude de la victoire. Une erreur décisive.»
Un camouflet pour le populisme de droite
Le quotidien taz fait part de sa satisfaction :
«Dans un pays où même la revendication de gauche la plus modérée est fustigée comme une forme de socialisme hostile à l'économie et où l'argument de la 'menace pour la prospérité' coupe court à tout débat politique, ce vote sans équivoque est une source d'espoir - notamment pour la gauche. ... Dans le cadre d'initiatives populaires, la gauche parvient donc à obtenir l'adhésion des travailleur·se·s qu'elle a pu perdre par le passé, lors d'élections, au profit du parti d'extrême droite. C'est un signal positif, pour la répartition des richesses à l'avenir, mais aussi contre le populisme de droite, qui cherche à monter les plus faibles les uns contre les autres.»