UE : des négociations d'adhésion avec la Bosnie-Herzégovine ?
La Commission européenne recommande l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie-Herzégovine. Le pays avait présenté une demande d'adhésion en 2016 et obtenu le statut de candidat en décembre 2022. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a affirmé que le pays avait depuis "accompli des progrès impressionnants". Les Etats membres décideront le 21 et le 22 mars s'ils donneront suite à cette recommandation.
Prendre des mesures concrètes
La préconisation de la Commission ne doit pas rester lettre morte, fait valoir Jutarnji list :
«La Bosnie-Herzégovine a accompli un progrès historique sur la longue voie qui doit la mener à l'UE. Mais ce développement n'en reste pas moins limité. ... Il appartient désormais au Conseil européen d'ouvrir des négociations d'adhésion formelles avec le pays. Ce faisant, il montrerait que sur la question de l'élargissement, l'évolution est réelle, et pas seulement rhétorique. Le processus d'élargissement ne se mesure pas à l'aune de simples déclarations, mais en vertu de critères concrets : octroi du statut de candidat, ouverture des négociations de coalition et conclusion des chapitres d'adhésion.»
L'initiative judicieuse de l'UE
Pour l'UE, accueillir de nouveaux membres est un moyen d'endiguer les influences indésirables, souligne Kleine Zeitung dans son éditorial :
«Seul le Kosovo en reste au stade de la simple 'perspective européenne'. Les Balkans occidentaux, l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et la Turquie - dix pays en tout - figurent dans la zone intermédiaire, à des niveaux d'avancement différents. ... Depuis dix ans, la Serbie est un partenaire de négociation de l'UE et semble être aujourd'hui plus éloignée de l'Union qu'elle ne l'était lors de sa demande d'adhésion. ... L'existence d'îlots russes, turcs ou chinois au cœur de l'Europe constituerait une source de nuisance politique permanente. ... Pour le Parlement et la Commission, il s'agit donc d'une préoccupation majeure.»
Le Premier ministre croate avait raison
Si le Premier ministre croate, Andrej Plenković, avait écouté le président croate, Zoran Milanović, la Bosnie-Herzégovine n'en serait pas là aujourd'hui, fait remarquer Večernji list :
«Lorsque le Conseil européen s'était réuni en juin 2022, afin de statuer sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine, Milanović s'en était offusqué : depuis Zagreb, il avait suggéré à Plenković de bloquer le vote à Bruxelles, dans le but d'obtenir une décision similaire pour la Bosnie-Herzégovine. ... Si la Croatie avait bloqué la candidature de l'Ukraine, elle n'aurait ni pu favoriser le cheminement européen de la Bosnie-Herzégovine, ni pu renforcer sa réputation et son influence. ... Ce qui, récemment encore, paraissait totalement inconcevable - une recommandation de la Commission favorable à la Bosnie - s'est finalement concrétisé hier.»