Grèce : vers une régularisation des travailleurs sans papiers
Le Parlement hellénique a adopté mardi un amendement qui doit permettre aux sans-papiers d'obtenir un titre de séjour et un permis de travail pour une durée de trois ans s'ils ont un emploi. A l'origine de cet amendement, la pénurie de main-d'œuvre, notamment dans l'agriculture. Pour être éligible, il faut avoir vécu au moins trois ans dans le pays et avoir un casier judiciaire vierge. Près de 30 000 immigrés seraient concernés.
Recherche 'salariés esclaves'
A y regarder de plus près, cet "assouplissement" est en réalité inhumain, critique Proto Thema :
«Il n'a pas été jugé utile de souligner, par exemple, qu'en vertu de cet amendement, ces migrants seront tributaires du chantage de leur employeur : s'ils protestent, ils seront licenciés, ce qui les placera automatiquement sous le coup d'une expulsion. Ni, bien sûr, que pendant cette période de trois ans, ils ne pourront rendre visite à leurs proches. On juge logique qu'ils travaillent pour subvenir aux besoins de leurs familles, sans pour autant leur donner la possibilité de leur rendre visite. On pourrait dès lors affirmer que nous ne recherchons pas des travailleurs, mais des salariés esclaves.»
Une décision dangereuse
Capital juge ce type de politique migratoire malvenue :
«La maîtrise de la question migratoire passe par le contrôle des frontières, une sélection stricte des candidats et la surveillance de ceux qui se trouvent et travaillent dans le pays. Cela signifie que ceux qui entrent illégalement dans le pays devront être expulsés, et non 'récompensés'. La gestion du problème migratoire appelle une stratégie à long terme, qui nécessite l'accord politique de la plupart des partis siégeant au Parlement, et celui de la société. Adopter des amendements en séance nocturne, cela ne constitue pas une approche réaliste de la question. Au contraire, cela fait le lit du conspirationnisme.»
Des travailleurs convoités
Rien ne dit que la stratégie fonctionnera, estime Kathimerini :
«La plupart des migrants considèrent la Grèce comme un pays de passage plutôt qu'une destination finale. Le projet de loi tente d'inciter certains d'entre eux à rester dans notre pays. ... Reste à savoir si cela les intéressera. Puisqu'ils ont été sans papiers pendant tant d'années, pourquoi s'enregistraient-ils aujourd'hui, au risque d'être expulsés s'ils perdaient leur emploi ? Le problème, ici, n'est pas idéologique, mais purement pratique. ... En arrivera-t-on au point où les pays européens rivaliseront d'offres pour courtiser les migrants ? Ne riez pas, nous n'en sommes pas si loin.»