L'Eurogroupe examine les réformes proposées par Athènes
Les ministres des Finances de la zone euro discutent ce lundi des nouvelles réformes présentées par la Grèce. Dès ce week-end, les dirigeants de Berlin ont jugé insuffisantes les propositions. Tandis que certains commentateurs demandent à Athènes de respecter enfin les règles et de proposer des réformes solides, d'autres croient que le pays a besoin d'un Grexit pour remonter la pente.
Des élections anticipées ne sauveront pas Athènes
Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a brandi dans un entretien accordé dimanche à un journal la menace d'un référendum et d'élections anticipées si l'Eurogroupe n'acceptait pas les principales réformes proposées par la Grèce. Mais cette démarche isolerait davantage Athènes, met en garde le journal conservateur Naftemporiki : "Qu'on le veuille ou pas, il existe des règles européennes, établies depuis des siècles. Nous essayons pourtant de les modifier en quelques semaines. Et nous l'essayons avec une ambigüité créative alors que les créanciers exigent une clarté créative. Depuis la dernière réunion de l'Eurogroupe, nous avons perdu un temps précieux et nous devons enfin commencer à fournir des engagements chiffrés. ... Ni des élections anticipées, ni un référendum ne nous sauveront. Cela ne contribuera qu'à notre isolement."
Des avantages d'un Grexit
Au lieu de poursuivre la même diplomatie que celle utilisée lors des négociations sur les aides financières, le gouvernement d'Athènes ferait mieux de mettre le cap sur le Grexit pour réformer ensuite la Grèce, commente le blog de gauche Criticatac: "Une vie après l'euro est possible, même meilleure que ce que les Grecs ont vécu ces cinq dernières années. Le gouvernement doit prendre le contrôle du système bancaire. Les banques doivent devenir des institutions publiques qui ne servent pas les intérêts des oligarques grecs et du capital étranger, mais ceux des personnes normales, notamment en accordant rapidement des crédits à faible taux aux agriculteurs et aux petits commerçants. Ce contrôle permettrait également d'éviter une fuite massive des capitaux, qui paralyse l'économie ; car un véritable gouvernement de gauche préfère le droit de 99 de la population à une vie dans la dignité à la liberté de circulation des capitaux pour un pour cent de la population."
Des fossés profonds compliquent les compromis
Athènes et ses partenaires européens ne parlant pas la même langue, une fois de plus, il sera difficile d'obtenir un compromis, craint le quotidien libéral-conservateur Corriere della Sera : "D'un côté, nous avons les partenaires de la zone euro. Ils se focalisent sur la situation économique et financière de la Grèce. .... De l'autre côté, nous avons le gouvernement d'Alexis Tsipras, qui poursuit un autre objectif : un changement politique auquel il se sent légitimé par la victoire électorale du 25 janvier et le consensus croissant. Mais Athènes donne l'impression - confirmée de temps à autre par des déclarations verbales - de vouloir amener ce changement politique non seulement en Grèce, mais également dans le reste de l'Europe et, qui plus est, contre la volonté de 18 des 19 pays de la zone euro. ... Il faut tracer une ligne claire entre le bouleversement radical du pays, d'une part, et la construction du pays grâce à des aides européennes, d'autre part, faute de quoi les partenaires de négociation demeureront à des niveaux différents."