Dette grecque : un accord est envisageable
A la veille d'un nouveau sommet des ministres des Finances de l'euro, plusieurs signes laissent penser qu'un compromis peut être trouvé dans le litige de la dette avec la Grèce. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a finalement plié et accepté de nouvelles mesures d'austérité, regrettent les éditorialistes, doutant que l'aile radicale de son parti les acceptera.
La tâche herculéenne de Tsipras
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras doit relever le pari impossible de satisfaire à la fois ses créanciers, son peuple et son parti, commente le quotidien libéral Público : "Tsipras semble avoir surmonté le premier grand obstacle : convaincre les créanciers de poursuivre leur financement. Il sera cependant tout aussi difficile de convaincre les Grecs et les différents groupes au sein de Syriza que l'adoption de nouvelles mesures d'austérité n'est pas en contradiction avec ce qu'il a défendu jusque-là. Sachant pourtant que la marge de manœuvre de Tsipras est quasi nulle (face à l'intransigeance de Merkel et consort), certains députés de Syriza menacent de rejeter les nouvelles mesures au Parlement. En raison des nombreuses sensibilités représentées au sein du parti, c'est une tâche proprement herculéenne qui attend Tsipras."
Des propositions qui ne serviront à rien
Les mesures d'austérité avancées par le Premier ministre grec Alexis Tsipras sont une absurdité économique, estime le portail libéral Capital : "Le plus clair des nouveaux impôts ne sera pas levé. Et dès la fin de l'année, la Grèce devra redéfinir sa politique économique. Les Européens ont accepté les propositions de Tsipras tout en sachant que celles-ci resteront majoritairement sans effet. Peut-être l'ont-ils fait pour deux raisons : a) pour montrer la soumission du 'plus grand' eurosceptique, fauteur de trouble et démagogue qui soit, et b) pour marquer l'échec du modèle d'assistanat de l'Etat grec, et souligner les conséquences de cet échec en vue de dissuader d'autres grandes économies de la zone euro et d'Europe de l'imiter. Ce compromis accordera à l'économie un certain répit qui lui permettra de passer l'été, après la quasi-paralysie de ces derniers mois. Mais dès l'automne, les problèmes ne manqueront pas de refaire surface."
Syriza n'a pas su améliorer l'UE
Athènes est finalement obligée de procéder à des coupes sociales si elle veut obtenir de nouvelles aides : c'est le résultat de la politique bornée de l'UE, dominée par les intérêts nationaux, analyse le quotidien taz, qui regrette que Syriza n'ait pas réussi à engendrer davantage de solidarité : "[La politique de Bruxelles] ne s'explique que par la 'renationalisation' spirituelle d'importants pays européens. Il est vrai qu'Athènes a perçu plusieurs milliards de crédits. Mais on aurait tort de parler de solidarité ou d'idée européenne. … Cette politique appelle un contre-projet. Prendre le taureau par les cornes et s'opposer aux nationalistes bornés : sans remise de dette pour le Sud, sans politique économique et sociale commune et sans partage de la dette, l'Europe est vouée à se désintégrer. Il est déplorable que le gouvernement grec ne soit pas au service de cette cause. Il n'a pas formé d'alliance pour une autre Europe, ni ne constitue une alternative de gauche pour le continent."
Aller à la confrontation n'a fait que nuire à Athènes
En faisant le choix de la confrontation dans les négociations, le gouvernement grec n'a rien tiré de son bras de fer avec les créanciers, mais laissé derrière lui de grands pans de terre brûlée, critique le chroniqueur Shane Coleman dans le quotidien conservateur Irish Independent : "La tactique de Syriza l'a mené droit dans le mur. Taper du poing sur la table ou user de la 'diplomatie du mégaphone' n'ont avancé le parti à rien, si ce n'est à durcir les lignes à Bruxelles, Francfort et New York. Ce qui a été dit sur Syriza en public est sans précédent dans l'histoire du l'UE. Le commentaire de la directrice du FMI, Christine Lagarde, résume assez bien la situation : il faudrait négocier avec 'les adultes présents dans la salle'. … La dure et froide réalité, c'est que taper du poing sur la table n'avance en rien un petit pays s'il n'a pas accès aux capitaux et que son système bancaire est tributaire de financements extérieurs."