Hausse de la TVA en Grèce
La TVA augmente en Grèce à partir de ce lundi pour de nombreux produits de consommation. C'est l'une des mesures prévues par le programme d'austérité approuvé par le Parlement la semaine dernière, en contrepartie de la poursuite des négociations sur de nouvelles aides financières. Mais en Grèce, la classe politique rejette ouvertement les réformes et la population se radicalise, soulignent certains commentateurs. D'autres éditorialistes déplorent qu'Athènes soit contrainte de feindre de faire sienne cette politique.
Le programme d'austérité ne sera jamais mis en œuvre
Les politiques grecs ne soutenant pas les réformes convenues dans le nouveau programme d'austérité, il est fort probable que celui-ci fasse long feu, analyse le quotidien conservateur Naftemporiki : "Le Premier ministre a déclaré qu'il signait un programme auquel il ne croyait pas, même s'il a souligné qu'il s'agissait de la meilleure option pour le pays actuellement. On peut donc d'ores et déjà partir du principe que le troisième mémorandum d'austérité ne sera pas mis en œuvre ! La majorité des forces politiques grecques conçoivent cette phase d'adaptation comme un processus dévastateur, imposé depuis l'étranger. Aujourd'hui, la société grecque baigne dans un climat de persécution et de défaitisme, au lieu de s'inspirer du modèle des pays les plus progressistes de la planète. Les citoyens se radicalisent de plus en plus."
L'Europe ravalée au rang d'école de commerce
Le contrat entre la Grèce et ses créanciers se termine sur la phrase "The ownership by the Greek authorities is key." Le recours au mot "ownership" dans le contexte de la politique est lourd de sens, écrit le journal de centre-gauche Tages-Anzeiger : "Il implique que le gouvernement grec doive faire sien l'accord négocié : un accord qui invalide les lois qu'il a lui-même décidées, soumet toutes les nouvelles lois à l'approbation indispensable de l'UE, du FMI et de la BCE et impose des mesures d'austérité et des privatisations conséquentes. … Le nouveau mot se fond parfaitement dans la politique d'austérité. Les objectifs de cette politique parlent la langue des grands groupes : réformes structurelles, consolidation, programmes. Les actions qu'elle engage, pour leur part, relèvent du monde de l'éducation : devoirs, heures de colles, disciplines, règles et cures d'amincissement. Sans oublier les exhortations de la directrice du FMI, Christine Lagarde, qui souhaitait que les négociations 'se fassent enfin entre adultes'. Il fut un temps où l'Europe était une idée. Elle est devenue une école de commerce."
La discipline allemande scelle la fin du romantisme européen
Tandis que la Grèce est contrainte d'honorer ses engagements, l'Allemagne profite du moment pour façonner l'Europe selon son propre modèle, déplore le quotidien libéral Dennik N : "Tout le monde doit partir du principe qu'Angela Merkel, au titre d'architecte du nouvel ordre européen, sait ce qu'elle fait. Il paraît clair qu'elle fera tout pour préserver la zone euro. La première étape consiste à imposer les règles budgétaires et les réformes structurelles, par la force si nécessaire. La reprise économique est censée rétablir la confiance et permettre l'accomplissement de la prophétie d'une 'union politique'. … Mais est-il possible de rétablir la confiance en imposant la discipline ? … Cette politique ne rassemblera-t-elle pas au contraire les eurosceptiques, les nationalistes et les radicaux de gauche dans leur combat révolutionnaire contre le système ? … Dans tous les cas, l'Europe de demain sera une autre Europe. Le rêve romantique d'un projet jamais réalisé sera remplacé par un 'ensemble parfait' de règles."
Ne jetons pas la pierre aux Grecs
Les Suédois seraient bien inspirés de ne pas montrer du doigt "les Grecs dépensiers", estime le quotidien social-démocrate Aftonbladet. Ils feraient mieux de faire leur propre examen de conscience : "Pour une certaine raison, nous trouvons les plans de sauvetage à la Grèce bien pires que les plans de sauvetage des banques. Nous oublions au passage que nous sommes un des peuples les plus endettés d'Europe. Si les finances publiques sont équilibrées, les ménages suédois en revanche sont loin de l'être [ils sont hautement endettés par des emprunts immobiliers]. … De plus, nous oublions la responsabilité qui revient aux prêteurs. Etait-il bien judicieux de bombarder la Grèce de plusieurs milliards de crédits à taux avantageux ? Les banques européennes n'ont-elles pas de responsabilité à assumer ? Nous avons la conviction que la crise de l'euro est une chose on ne peut plus claire. … Personne ne veut admettre l'opacité dérangeante du système financier mondial."