Rien ne va plus dans les hôpitaux suédois
Un documentaire diffusé à la télévision suédoise, faisant état de dysfonctionnements dans le système de santé, a choqué l'opinion. Depuis des années déjà, les hôpitaux manquent de personnel de soin, les lits restent inoccupés et les patients doivent attendre longtemps avant d'être opérés. A en croire l'enquête, la gravité des problèmes serait telle que dans beaucoup d'établissements, la vie des patients serait en danger. Les journaux se joignent à ce concert de reproches.
Une pénurie de personnel aux conséquences dramatiques
Expressen est scandalisé par la situation de la santé publique dans un pays qui se targue d’être un Etat providence :
«La crise ne fait pas de quartier aux enfants. Dans le nouvel hôpital Karolinska à Stockholm, un tiers des lits sont vides et dix pour cent des opérations prévues pour des enfants ont été annulées cette année. ... Le problème le plus grave est le manque d’infirmières. Il oblige les hôpitaux à laisser les lits non utilisés. ... Jamais la santé publique n’a bénéficié de tant d’argent, mais il est dépensé à mauvais escient. Les sociaux-démocrates veulent par exemple que les patients passent régulièrement des check-up dans des polycliniques. Ceci reviendrait à mobiliser des ressources pour des gens en bonne santé alors mêmes qu’elles sont insuffisantes pour soigner ceux qui sont gravement malades. Cette crise chronique mine la confiance dans la politique. Reste à savoir si la Suède peut encore se dire Etat providence lorsque des enfants meurent alors qu'ils pourraient facilement être sauvés.»
Le système de santé en détresse
Pour Aftonbladet, la situation actuelle est surtout la conséquence d'erreurs de décision :
«La Suède est le pays d’Europe qui compte le moins de lits d’hôpital par habitant dans toute l’Europe. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que dans les sondages, quand on demande aux électeurs quels sont les sujets les plus importants à leurs yeux, ceux-ci placent la santé tout en haut de la liste. ... Les politiques sont responsables de l’état végétatif dans lequel se trouve la santé publique. Il fut un temps où le ministre des Affaires sociales était aussi important que le ministre des Finances. ... [Le gouvernement conservateur] a ensuite confié au plus petit parti [chrétien-démocrate] la responsabilité de la santé. Une tendance qui s’est poursuivie avec les sociaux-démocrates. ... Le ministre suédois de la Santé a besoin d’un comité d’urgence et d’un ministre qui révolutionne le travail des services de santé.»