Turquie : peut-on se passer de la théorie de l'évolution ?
La Turquie raye de ses programmes scolaires la théorie de l'évolution. Elle pourra être enseignée au niveau universitaire, mais pas avant, car cette doctrine - en outre controversée - serait trop compliquée pour les élèves, comme l'a fait savoir le ministère de l'Education dans un communiqué. Une décision qui suscite des échos divergents dans la presse turque.
La théorie de Darwin n'est jamais qu'une hypothèse
Star explique en quoi la théorie de Darwin pose problème :
«La 'théorie de l’évolution' de Darwin est loin d’être une affirmation simple, car elle repose sur le principe d’un certain nombre de similitudes [entre les espèces], mais ce n’est jamais qu’une hypothèse. … Les religions en revanche enseignent aux hommes, depuis des siècles, les principes leur permettant de comprendre l’homme, la vie, l’univers – et ce, en s’appuyant non pas sur des théories qui ne cessent de changer et d’évoluer, mais sur la foi, immuable et qui promeut la pensée systématique. ... Les conceptions matérialistes et laïques en revanche imposent aux hommes ce genre de thèses en les érigeant au rang de fait incontestable, à seule fin de désavouer la croyance en la 'révélation divine'. Les musulmans ne sont pas contre la recherche scientifique, ils sont simplement contre l'instrumentalisation d'hypothèses visant à anéantir la foi.»
La culture, à quoi bon ?
L’Etat turc encourage l’ignorance, et pour cause, s’insurge Birgün :
«Les enfants sont confrontés à des questions de métaphysique dès l’âge de cinq à six ans. ... Et pourtant, c'est en faisant valoir que 'nos jeunes élèves ne sont pas en mesure de comprendre ce sujet' que l’on prive les jeunes de connaissances scientifiques. Pourquoi ? Car il n’est pas nécessaire que nous sachions quoi que ce soit. ... Nous n’avons pas d’idées, nous avons des ennemis et un certain nombre de lobbies. ... Nous n’avons pas d’idées, nous avons notre bore, notre thorium et beaucoup d’autres précieux minerais. Mais ceux qui ne nous aiment pas nous empêchent d’accéder à ces matières premières. ... Nous ne voulons pas savoir. C’est la raison pour laquelle nos commissions d’enquêtes restent sans résultats. Personne ne veut savoir ce qui s’est réellement passé. Tout le monde pourchasse l’ennemi, et on ne va pas plus loin.»