Faut-il élargir l'espace Schengen ?
Dans son discours sur l'état de l'Union la semaine dernière, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est déclaré favorable à une adhésion rapide de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen. Compte tenu des critiques qu'ont suscitées ces propos dans divers Etats de l'UE, les commentateurs des deux pays concernés se montrent plutôt pessimistes.
Une double-morale risquée
Les réticences de Berlin, Vienne et La Haye vis-à-vis des propositions de Juncker illustre une fois de plus l'hypocrisie des Etats riches de l'UE, fulmine Douma :
«Ce n'est pas nouveau. Rappelons-nous les questions des produits alimentaires, des réfugiés, des visas pour les Etats-Unis et le Canada. Ce n'est pas pour rien que de nombreux observateurs disent que l'Europe à plusieurs vitesses est une réalité. Il y a déjà deux vitesses : une pour ce qu'on appelle la 'Vieille Europe' ; une pour les parents pauvres de l'Est, nouveaux venus dans l'Union. Les uns peuvent faire ce qu'ils veulent, les autres doivent respecter scrupuleusement les règles pour ne pas être privés de subventions européennes. Petit à petit, la double-morale des 'anciens' commence à nous rebuter fortement. Personne n'apprécie d'être traité comme un citoyen de seconde zone. L'UE ne peut donc pas s'étonner que l'Est lui cause de plus en plus de difficultés.»
De quoi l'Autriche a-t-elle donc peur ?
Ziarul Financiar croit savoir pourquoi l'Autriche n'est pas d'accord avec les propositions de Juncker :
«Du point de vue du dialogue politique, la Roumanie n'est pas un partenaire de l'Autriche, en dépit des dix milliards d'investissements effectués par les entreprises autrichiennes. Si l'Autriche a deux fois moins d'habitants que la Roumanie, son PIB est presque deux fois plus important. Celui qui dispose du pouvoir économique contrôle aussi le jeu politique. ... Une adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen ferait tomber trois frontières - gréco-bulgare, bulgaro-roumaine et roumano-hongroise. Des frontières que les réfugiés arrivés en Grèce doivent franchir pour pouvoir rallier Vienne. Si c'est cela qui inquiète les Autrichiens, ils feraient mieux de le dire clairement.»