Garantie des dépôts en Europe : une mise en œuvre progressive
C'est la dernière étape avant de finaliser l'Union bancaire : le système européen de garantie des dépôts (SEGD). La Commission européenne vient de présenter un plan pour l'instaurer de façon graduelle. Cet échéancier, plus long que prévu, est visiblement destiné à dissiper les craintes, notamment celles de l'Allemagne. Que pense la presse de cette proposition ?
Finaliser d'abord l'Union bancaire
Bruxelles a raison de prendre le temps de mener correctement la réforme de la zone euro, commente Le Monde :
«Avec beaucoup de bon sens, la Commission européenne a tenté mercredi de mettre tout le monde d’accord en rappelant une vérité de base : il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Avant de commencer à lancer de nouveaux chantiers sur les réformes institutionnelles de la zone euro, peut-être faudrait-il penser à achever les travaux en cours. Ce sont ceux de l’Union bancaire, indispensable dans un contexte de fragilité persistante de certaines banques. Il manque encore, pour compléter l’architecture de celle-ci, un mécanisme européen d’assurance des dépôts bancaires. La Commission a raison : la finalisation de l’Union bancaire est une étape préalable essentielle à toute autre réforme de la zone euro.»
Berlin freine à nouveau
La proposition de la Commission n'est qu'une nouvelle concession faite à l'Allemagne, juge Il Sole 24 Ore, qui déplore que Berlin entrave la mise en œuvre de l'Union bancaire :
«La supervision bancaire est commune, mais les risques financiers et obligataires des banques resteront nationaux au moins jusqu'en 2022. Ensuite, peut-être, on pourra parler d'un fonds commun de garantie des dépôts européens. La proposition de mise en œuvre de l'Union bancaire européenne, présentée hier par la Commission, apparaît comme un énième compromis revu à la baisse. La garantie commune des dépôts prévoit un passage intermédiaire, à savoir une contribution provisoire du Mécanisme européen de stabilité (MES) aux banques en crise. Mais la répartition réelle des risques est remise à plus tard.»
Aucun risque pour l'Allemagne
Le portail de la radio Deutschlandfunk récuse les craintes évoquées par le secteur financier allemand :
«Bruxelles a proposé que le fonds de garantie des dépôts européen entre en vigueur une fois seulement qu'on sera certain que l'ensemble des banques participantes se seront débarrassées de leurs titres toxiques. ... Les politiques responsables ont désormais pour mission de faire en sorte que ces conditions soient respectées, que l'on renonce aux combines et aux tricheries - des pratiques régulièrement constatées au cours de l'histoire de l'UE. Les négociations seront difficiles et prendront du temps. Mais elles sont indispensables, et on ne peut se permettre de laisser le champ libre aux 'simplificateurs'. Surtout si ces simplificateurs sont des patrons de banques déguisés.»