Union monétaire : les nouvelles propositions de Bruxelles
La Commission européenne a présenté mercredi ses propositions en vue d'une démocratisation de l'UEM : la création d'un fonds monétaire européen de solidarité avec les Etats en difficulté, placé sous le contrôle du Parlement européen. Le projet prévoit en outre la mise en place d'un ministère des Finances de la zone euro, lequel ne disposerait toutefois pas de budget propre. Le transfert de compétences des Etats-membres à l'Union serait-il trop important ou trop symbolique ?
Un ministre des Finances sans ministère
A quoi bon un ministre des Finances de la zone euro s'il ne dispose pas des compétences nécessaires pour mener à bien sa mission, s'interroge Die Presse :
«Tout le monde le sait, si l'on veut prévenir les problèmes, la zone euro doit être mieux dirigée. Mais que peut bien être le rôle d'un trésorier sans trésorerie, un ministre des Finances qui ne lève pas d'impôts et qui n'a rien à redistribuer ? Le jour où cette fonction existera, on aura la réponse à toutes ces questions. On demande à savoir s'il se cantonnera au rôle de coordinateur de l'Eurogroupe et de trait d'union avec la Commission, ou s'il posera la première pierre de l'édifice d'une compensation financière européenne. S'il ne remplit aucune de ces tâches, le terme de 'ministre des Finances de la zone euro' est une imposture.»
Des idées qui font peur
Bild réprouve vigoureusement les projets de réforme :
«Un fonds monétaire européen contrôlé par les eurocrates bruxellois ? Bonjour les dégâts. La Commission a trop souvent fermé les yeux quand des pays enfreignaient à répétition les règles du frein à l'endettement. Créer une caisse spéciale de plusieurs milliards pour les pays en crise de la zone euro ? Ce serait entrer dans la 'Communauté européenne des dettes'. Un ministre des Finances européen tout puissant ? Utopique ! Le Bundestag doit répondre des impôts et du budget - la Cour constitutionnelle allemande l'a elle-même confirmé. C'est un paquet-surprise dont les pays de la zone euro feraient bien de se passer.»
Les pays de l'UE doivent resserrer les rangs
L'Echo appelle les Etats membres à cesser de tergiverser et à accepter au plus vite l'offre de compromis :
«Il faudra surtout que les Etats membres n’interrompent pas la course [de la Commission]. Car si l’exécutif européen s’est montré prudent en enterrant des idées plus audacieuses, comme un mécanisme automatique commun d’intervention sur l’assurance chômage, sa cause n’est pas acquise à tous les Etats membres. … Tout le monde s’accorde sur l’impérieuse nécessité de consolider la zone euro. La Commission avance des idées pour qu’elle soit plus démocratique et un peu plus solidaire. Aux Etats membres de lui emboîter le pas pour tuer une fois pour toutes l’idée qu’elle puisse, au gré d’une crise, voler en éclats.»