La gauche polonaise peut-elle coopérer avec Kaczyński ?
Deux forces politiques dominent la Pologne : le parti libéral-conservateur PO et le PiS, parti national-conservateur au pouvoir. Ce dernier, par sa politique pour les petites gens, a privé les partis de gauche de leur électorat de base. Depuis les législatives de 2015, les forces de gauche ne sont plus représentées au Sejm. Une situation qui pousse certains journalistes à se poser la question : les partis de gauche peuvent-ils se risquer à une coopération inhabituelle ?
La gauche et le PiS ont beaucoup en commun
Il est temps pour la gauche polonaise d'envisager une coopération avec le PiS au pouvoir, estime le chroniqueur de gauche Rafał Woś sur gazeta.pl :
«Les deux camps découvriraient que leurs programmes respectifs comportent de nombreux points communs : la vision d'un socialisme démocratique semble être plus acceptable pour le monde du PiS que pour les libéraux, dont les poils se hérissent dès qu'ils entendent le mot 'socialisme', et qui agitent aussitôt l'épouvantail nord-coréen. La gauche et la droite formulent par ailleurs toutes deux une critique raisonnable du fonctionnement réel de l'UE ; non de l'adhésion du pays, mais de ce que l'UE est devenue ces dernières années - par exemple lors de la crise grecque, quand les intérêts de banques privées ont primé sur la solidarité intra-européenne.»
Une coopération impossible
La gauche ferait mieux de se garder de toute coopération avec le PiS, réplique la journaliste de gauche Katarzyna Wężyk dans Gazeta Wyborcza :
«Ces trois dernières années, le PiS a réussi à saper les piliers centraux de la démocratie : l'Etat de droit, la séparation des pouvoirs, les droits des minorités. Il est naïf de s'obstiner à croire que le parti de gauche Razem puisse avoir une influence sur Jarosław Kaczyński tant qu'il stagnera sous la barre des cinq pour cent. Mais une autre question m'intéresse plus encore : comment l'auteur, qui se dit de gauche, a-t-il pu faire abstraction totale des principes de base de la gauche, comme les droits des femmes ou la séparation de l'Etat et de l'Eglise ? Je ne vois pas comment la gauche pourrait trouver un terrain d'entente avec le PiS sur ces questions.»