Le pacte de l'ONU sur les migrations au cœur du débat en Estonie
Le pacte de l'ONU sur les migrations a déclenché un débat houleux en Estonie. Le Parlement prétend ne pas avoir été impliqué dans sa préparation. L'accord doit être signé le mois prochain, mais la présidente Kersti Kaljulaid remet désormais en question sa ratification par l'Estonie. Echos du débat, représentatifs de la polémique qui a cours dans d'autres pays.
Un leurre
L'Estonie s'interroge notamment sur le caractère contraignant ou non de l'accord. Tandis que le ministre des Affaires étrangères insiste sur le fait que les pays signataires conservent leur souveraineté en matière de politique migratoire, le ministre de la Justice Urmas Reinsalu écrit dans Eesti Päevaleht :
«Ce n'est certes pas un traité international, mais cela reste un accord qui fixe un certain nombre de positions et d'actions en matière de migration. Il pourrait à l'avenir être interprété comme faisant partie intégrante du droit coutumier international pour les Etats signataires.»
Les politiques estoniens démontrent leur incapacité
Urmas Paet, ancien ministre des Affaires étrangères et eurodéputé, s'agace dans Õhtuleht que les politiques estoniens jouent aujourd'hui les ignorants :
«On se demande réellement ce qui se passe au sein de l'administration estonienne lorsque la signature, dans un mois, du pacte de l'ONU sur les migrations apparaît soudain comme une grande surprise et que l'on prétend n'avoir aucune idée de son contenu. On se dit qu'il n'est pas possible que cet accord soit en cours de préparation depuis deux ans et que tous les Etats membres de l'ONU y aient participé. Y compris l'Estonie. … La préparation a commencé en avril 2017, et a été suivie de 15 (!) mois de consultations et de négociations entre les gouvernements. Le texte lui-même est prêt depuis quatre mois, depuis le 13 juillet 2018, et chacun peut le lire.»