Budget commun pour la zone euro : un premier pas ?
La création d'un budget propre à la zone euro tient lieu d'un des projets les plus chers au président français Emmanuel Macron. Dans le cadre d'une rencontre des ministres des Finances de la zone euro lundi, les ministres français et allemand ont présenté les contours que pourrait prendre un pareil projet. Selon les observateurs, Berlin s'est imposé. Cette initiative peut-elle souffler dans les voiles de l'UE ?
Le train de l'Europe roule
Si la proposition est loin d'être la panacée, du moins a-t-elle le mérite d'engager le processus, constate Handelsblatt avec satisfaction :
«Les détails du budget restent nébuleux. Ce qui compte, c'est la volonté politique de dépasser les divergences. ... Les deux grands Etats de l'UE ont repris les commandes de la locomotive qui tire le train européen. Il leur faut à présent accrocher à leur suite les 17 Etats de la zone euro. ... Il importe surtout que ces Etats arrivent à décider en décembre d'une réforme de l'union monétaire et à tracer ne serait-ce qu'une esquisse de budget européen. Faute de quoi l'impact délétère du Brexit dominerait complètement l'agenda politique européen. ... A l'approche des élections européennes, les populistes eurosceptiques sont sur le qui-vive.»
La réforme ne saurait être un but en soi
Le quotidien grec Naftemporiki pour sa part est plus sceptique :
«Comment ce budget sera-t-il financé, quel en sera l'ordre de grandeur et comment les fonds seront-ils affectés ? Les pays d'Europe du Nord, opposés aux transferts financiers, restreindront probablement leur participation. ... Un budget commun pourrait être un bon début. Mais ils ne suffira pas pour protéger la zone euro de la prochaine crise. La réforme de la zone euro ne devrait pas être un but en soi, mais l'expression du besoin impérieux de relancer l'emploi et le développement et de soutenir la justice sociale, la convergence économique et la stabilité financière.»
La zone euro se démarque de l'UE
Polityka redoute qu'un budget de la zone euro desserve les intérêts des pays non-membres de l'Union monétaire :
«Ce projet accentue l'autonomie de la zone euro et pourrait sonner l'heure de la dislocation de l'Union, qui se verrait supplantée par la zone euro comme centre décisionnel. Tant que la Pologne reste en dehors de la zone euro, ce serait une mauvaise nouvelle pour Varsovie. Le scénario d'une 'Europe à deux vitesses' deviendrait réalité et Varsovie serait reléguée à la périphérie de l'Europe. ... Si la proposition actuelle ne semble pas menacer la Pologne pour l'heure, on se demande ce qu'il adviendra le jour où Angela Merkel ne sera plus chancelière allemande. Emmanuel Macron et les Français auront alors le dessus en Europe, et la zone euro continuera de s'isoler du reste de l'Union.»