Robert Mugabe, ex-président du Zimbabwe, est mort

Robert Mugabe est décédé à l'âge de 95 ans à Singapour. Indépendantiste combattant la puissance coloniale britannique dans les années 1960, il était devenu en 1987 président du Zimbabwe, qu'il a dirigé d'une main de fer pendant 40 ans, avant d'être renversé par un putsch en 2017. Les chroniqueurs reviennent sur le parcours d'un personnage ambivalent.

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Pravda (SK) /

De libérateur à despote

Pravda décrit l'évolution de Robert Mugabe :

«Il était l'un de ceux qui avaient refusé de souscrire à la logique de l'intolérance raciale britannique. Il a combattu, survécu à la prison, avant de devenir président du Zimbabwe. Après des hauts et des bas, il a fini par se perdre dans le labyrinthe du pouvoir et mener son pays à l'isolement, la tyrannie et la peur. L'apogée de ce parcours a été la réforme agraire, dans laquelle il a fait appel au nationalisme noir le plus primaire et exproprié les blancs. ... Contrairement à Nelson Mandela, qui a lui aussi été radical à un moment donné, il a refusé de comprendre qu'un pays dont l'administration est dominée par l'injustice, une rhétorique agressive et une politique violente, ne peut prospérer.»

Kommersant (RU) /

En Afrique, il reste un héros

Dans une tribune à Kommersant, Alexander Baunov, rédacteur en chef de Carnegie.ru, explique pourquoi Mugabe conserve une aura légendaire en Afrique :

«Il était le fondateur d'un Etat-nation noir qui s'était débarrassé du joug du colonialisme - le dernier à être encore en vie. Il avait parachevé la libération du continent et ne craignait pas l'Occident, dont les sanctions et les condamnations peuvent également être perçues comme une forme de néocolonialisme. ... A l'époque du combat anticolonial, le culte voué à l'empereur d'Ethiopie [Haïlé Sélassié] était répandu, car il était le dirigeant de l'unique Etat d'Afrique souverain, même si tout le monde savait que son pays n'était pas un Etat modèle et florissant. Mugabe dispose d'un statut similaire en Afrique aujourd'hui.»

Keskisuomalainen (FI) /

L'artisan du désastre zimbabwéen

Mugabe est le responsable d'une crise dont le Zimbabwe ne se relèvera pas de sitôt, juge Keskisuomalainen :

«Il était arrivé au pouvoir il y a 40 ans, auréolé de son statut de combattant de la liberté, devenant le symbole d'un nouvel ordre mondial purgé du colonialisme et de l'impérialisme. ... L'interminable hégémonie de Mugabe a été marquée par les violations des droits humains, la gabegie, la corruption et le chaos économique. C'est l'Etat qui est à l'origine des maux qui grèvent le pays aujourd'hui, car Mugabe a détruit une économie parmi les plus importantes d'Afrique. Depuis la fin du règne de Mugabe, la crise s'est aggravée et le Zimbabwe semble incapable de trouver le moyen de remettre sur pied son économie.»