L'UEFA doit-elle sanctionner le salut militaire des joueurs turcs ?
Suite au salut militaire des footballeurs de l'équipe turque lors des matchs de qualification pour l'Euro 2020 contre l'Albanie et la France, signifiant par ce geste leur soutien à l'invasion de la Syrie par l'armée turque, l'UEFA envisage des sanctions. Si certains éditorialistes appellent à une réponse exemplaire, d'autres expliquent pourquoi ils jugent préférable que l'instance dirigeante du football européen fasse preuve de retenue.
Le football doit unir plutôt que diviser
Jyllands-Posten appelle la Fédération européenne de football à remplir le rôle sociétal qui lui échoit :
«Il faut saluer la réaction de l'UEFA, qui a menacé de sévir en prenant des sanctions. Et pourquoi pas des menaces de stades vides ou d'exclusions de tournois. Car le football, en tant que sport de masse, a aussi l'obligation de se montrer impardonnable face au moindre signe de racisme, d'homophobie ou de récupération politique s'il veut préserver son pouvoir fédérateur. »
Mêmes les sportifs ont le droit d'avoir des idées écœurantes
Der Tagesspiegel préconise de prendre la chose avec philosophie :
«Les joueurs ne sont pas au-dessus de la mêlée. Mais ils ont des convictions politiques, et ils ont le droit de les dire publiquement. Ils ont des limites à ne pas dépasser et des lois à respecter. Il n'est pas toujours opportun de dire tout ce qu'il est possible de dire. Mais instaurer des zones apolitiques, érigées et surveillées par des fédérations qui ne sont pas du tout apolitiques, reviendrait à bâillonner joueurs et spectateurs. Le salut militaire des joueurs turcs a été un geste odieux. Interdire ces gestes serait toutefois faire preuve d'un zèle erroné. Dans la plupart des cas, sacrifier la liberté sur l'autel de l'espoir d'une paix sociale n'est pas une bonne idée.»
Des joueurs aveuglés par le nationalisme
Dennik N se demande ce qui amène les footballeurs turcs à soutenir publiquement l'armée turque :
«Une partie d'entre eux du moins semblent agir de leur plein gré, si bien qu'il est probablement surtout question de nationalisme ordinaire. Un sentiment qui a toujours été marqué en Turquie. ... Il est intéressant de noter que ce nationalisme aveugle ne s'est pas estompé dans les clubs et pays occidentaux. Il suffit de songer aux stars allemandes du ballon rond d'origine turque qui avaient soutenu le dictateur et l'avaient aidé à faire campagne, suscitant l'incompréhension autour d'eux.»