Violences sexuelles : les excuses de Plácido Domingo

Le chanteur d'opéra espagnol Plácido Domingo est visé depuis le mois d'aout 2019 par des accusations de violences sexuelles. Mardi, il s'est finalement résolu à formuler des excuses : un communiqué dans lequel il reconnaît les souffrances infligés aux femmes qui l'accusent - et qu'il a corrigé jeudi. Les médias espagnols commentent ces propos.

Ouvrir/fermer tous les articles
El Periódico de Catalunya (ES) /

L'humiliation plutôt que l'humilité

Dans un commentaire très personnel pour El Periódico de Catalunya, l'auteure et journaliste Emma Riverola appelle Domingo à prendre sa retraite :

«Tu étais le dieu de l'opéra. Tes fans ne se trompent pas : tu es l'un des plus grands. Mais à l'instar de nombreux autres dieux, tu as pensé que tu pouvais briser la volonté des autres, que tes admirateurs devaient te servir. ... Dans ton premier communiqué - un mélange de 'je n'ai rien remarqué' et 'c'était une autre époque' - tu as humilié davantage les victimes. Les enquêtes se sont poursuivies et tu as dû faire un second communiqué, plein de commisération, une humiliation pour toutes les femmes. ... Maintenant que tu assures être 'ressorti grandi de cette expérience', tu devrais te concentrer sur l'Olympe. Quitte la scène ! Ainsi tu continueras à grandir. Et tu nous épargneras l'humiliation de voir 'l'homme'.»

eldiario.es (ES) /

Les hommes de jadis feraient piètre figure aujourd'hui

Les attitudes ont évolué vis-à-vis du sexisme - Domingo a raison sur ce point, fait valoir Raquel Ejerique, responsable du service d'investigation à El Diario :

«Dans sa fuite en avant, Domingo a aussi dit quelque chose d'intéressant : 'Je reconnais que les critères avec lesquels nous nous mesurons et devons nous mesurer aujourd'hui divergent fortement de ceux du passé'. Oui. Si l'on portait sur les hommes du passé notre regard d'aujourd'hui, ils seraient nombreux à faire piètre figure. Des attitudes que l'on acceptait, tolérait ou soutenait seraient inacceptables voire répréhensibles aujourd'hui. Moi même - au titre de témoin et de cible de ces actes - je m'étonne de tout ce nous avons laissé passer jadis. ... C'est normal - c'est ce que l'on nomme le progrès et la prise de conscience. Nous sommes en train de bâtir un nouveau regard, qui doit reconnaître les erreurs et les injustices du passé.»