Croatie : Plenković mène les conservateurs à la victoire
Le HDZ, parti conservateur au pouvoir en Croatie, a clairement remporté les élections législatives. Il a obtenu 68 sièges sur 151, comme l'ont annoncé les autorités électorales lundi soir. Le parti d'opposition social-démocrate (SDP) est arrivé en seconde position, avec 43 sièges. Une nouvelle alliance nationaliste, le Mouvement patriotique, se place en troisième position, avec 15 députés. Comment expliquer ce net succès de Plenković ?
Le désir de sécurité l'emporte
En choisissant le slogan électoral "Une Croatie sûre", le parti au pouvoir a visé juste, estime Novi list :
«Les raisons du triomphe du HDZ seront analysées dans les prochains jours, mais certaines choses semblent déjà claires. A savoir que les électeurs ont massivement adhéré à la devise de campagne du HDZ, une 'Croatie sûre'. La situation est difficile dans le pays. En dépit des attentes, la crise du coronavirus n'est pas révolue ; on peut même partir du principe qu'elle se poursuivra jusqu'en 2021. Le coronavirus a infligé des dégâts considérables à l'économie croate, mais aussi à celle du monde entier. ... Les électeurs ont choisi de récompenser la façon dont le HDZ et le gouvernement ont géré les aspects sanitaire et économique de cette crise épidémiologique sans précédent.»
Le HDZ est devenu un parti centriste
En se plaçant au centre de l'échiquier politique, le Premier ministre a mené son parti à la victoire, estime Jutarnji list :
«Les travers de Plenković (la lenteur) et ses atouts (l'obstination) ont contribué à ce que le HDZ, subrepticement et en dépit des résistances internes au parti, mette le cap au centre. ... Dans ces élections, Plenković a eu raison d'une opposition de droite très mobilisée et funeste, et renvoyé la gauche au rebut, comme le laissait prévoir le niveau d'impréparation et le flou du programme de celle-ci. Il devient ainsi, d'un point de vue arithmétique, le chef de file du HDZ le plus 'populaire' depuis Franjo Tuđman, et le HDZ, avec ce nouveau mandat, a désormais la possibilité de diriger le pays cinq années de plus.»
Un péril nationaliste
La Stampa s'inquiète de ce que le "Mouvement patriotique", une alliance de droite nationaliste mise sur pied par le musicien Miroslav Škoro, fasse son entrée dans l'arène politique croate :
«Un ex-chanteur controversé, qui s'est recyclé dans la politique et qui est le porte-drapeau de la droite nationaliste, pourrait influencer l'équilibre du prochain gouvernement. ... Mais qui est Miroslav Škoro ? D'après les critiques, c'est un radical, qui fustige l'immigration et l'avortement, dédie ses chansons patriotiques à l'ex-général Ante Gotovina - l'un des faucons de la guerre de Yougoslavie -, et minimise régulièrement les atrocités commises par le régime oustachi pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est un personnage avec lequel s'identifie un large pan de l'électorat croate, sensible aux sirènes du populisme et du nationalisme.»