Prix non genrés à la Berlinale : une fausse bonne idée ?
Le Festival international du film de Berlin a décidé de ne plus récompenser les comédiens séparément selon leur sexe. Les prix seront désormais seulement décernés pour les meilleures performances dans un rôle principal et dans un rôle secondaire. Les organisateurs ont ainsi voulu amener "à une prise de conscience plus équitable des genres dans l'industrie du cinéma". Un choix critiqué par les éditorialistes.
Une bulle commercialo-intellectuelle du monde occidental
Dans Le Figaro, le consultant en communication Richard de Seze juge ce choix bien naïf :
«Le monde entier gémit sous les jougs les plus divers, on y meurt de faim et de désespoir, le monde réel est une succession de guerres ouvertes ou larvées, économiques et politiques, religieuses et idéologiques, et les agents du bien se persuadent et veulent nous persuader que la réalité est en fait un monde de symboles, une pure construction intellectuelle et sociale qu'ils peuvent remodeler selon leur gré. ... Ces fanatiques du nouveau monde ne remporteront de victoires que dans le monde occidental ; lui-même réduit à sa sphère marchande, et encore, à ses produits les plus marchands et à ses arts les plus subventionnés ; bref le petit monde des gens éveillés. Qui laisseront le reste de l'humanité être abrutie.»
L'égalité entre les sexes n'y gagne pas
Süddeutsche Zeitung n'est absolument pas convaincu que ce soit un gage de plus de justice :
«Pour les femmes, il est plutôt déconcertant que l'on cherche à établir l'équité de genre en introduisant des changements dans une catégorie dans laquelle à ce jour, elles n'étaient pas sous-représentées, pour la simple raison qu'elle leur appartenait à elles seules. ... Concernant les prix recompensant les meilleures réalisations, il n'est pas rare d'entendre dire qu'ils sont décernés à des hommes parce qu'en valeur absolue, bien moins de femmes réalisent des films. Si une femme décrochait la palme, les commentaires iraient bon train : 'le prix a été remis pour des questions de quota' ; 'le jury se prête à cette frénésie du genre' - entendra-t-on dire, les arguments habituellement invoqués chaque fois qu'une réalisatrice a obtenu un prix.»
N'importe quoi
Gazeta Polska Codziennie a également du mal à discerner la logique derrière ce choix :
«On ne peut qualifier que d'absurde la décision du festival international du cinéma de Berlin de ne plus décerner de prix pour le meilleur interprète dans deux catégories distinctes, femmes et hommes. On distingue mal ce qui a amené les organisateurs à prendre cette décision. La différenciation entre les sexes est-elle ou non un moyen d'améliorer la visibilité des genres ? La raison tendrait à dire qu'une distinction serait un moyen propre à faciliter la perception.»