Facebook va-t-il quitter l'Europe ?
Le groupe Facebook a fait part de son intention de quitter les pays de l'UE si les directives en matière de protection des données continuaient d'y entraver son activité. A l'origine de ce coup d'éclat, l'enquête ouverte contre l'entreprise par l'agence irlandaise chargée de la protection des données. Le règlement européen sur la protection des données (RGPD) interdit en effet le transfert des données utilisateurs vers les Etats extracommunautaires. Les chroniqueurs font peu de cas des menaces de Facebook.
Bon vent !
Le départ de Facebook ne serait pas une grosse perte pour l'Europe, assure Público :
«Dans le cas de Facebook, il y a le risque que l'entreprise contrôle des services comme Facebook et Instagram, c'est-à-dire des réseaux sociaux utilisés quotidiennement par des millions de citoyens. Facebook pense qu'en privant des millions de personnes de ces plateformes, il exercerait une pression suffisante pour contraindre les autorités européennes à lâcher du lest. Voilà une occasion unique qui s'offre à l'UE : résister à la tentative de chantage de Facebook, mais aussi lui souhaiter bon vent !»
Le but de l'UE n'est pas d'exproprier Zuckerberg
La menace de départ de Facebook sera sans conséquences, croit savoir Ria Novosti :
«Il est peu probable que la menace du groupe, à savoir le retrait de Facebook et d'Instagram du marché européen, ait une quelconque incidence sur la position de l'UE. Le plus vraisemblable, c'est que les entreprises américaines accèdent aux exigences des régulateurs européens. De ce point de vue, la situation rappelle l'attitude de Trump, qui justifie son offensive de rachat du réseau social chinois Tiktok en invoquant la nécessité d'empêcher que les données d'utilisateurs américains soient glanées par des structures chinoises. Mais contrairement à l'UE, Washington demande expressément un changement de propriétaire, et pas uniquement la délocalisation de certains serveurs.»
Le transfert de données requiert des règles
Krytyka Polityczna préconise une discussion sérieuse plutôt que des menaces puériles :
«Il était clair dès le départ que le groupe de Mark Zuckerberg ne pouvait pas faire chanter l'UE, car d'un point de vue commercial, il aurait nuit considérablement à ses propres intérêts. Facebook compte 400 millions d'utilisateurs en Europe. 25 millions d'entreprises enregistrées dans l'UE ont par ailleurs recours à ses applications et à ses outils. ... S'il n'existe pas de règles relatives au transfert des données de l'UE vers les Etats-Unis, il convient alors de les définir en bonne et due forme. L'idéal serait toutefois d'inclure l'élaboration de ces règles dans le débat international portant sur la nécessité de protéger les données des utilisateur d'une exploitation illégale. Dans le cas contraire, la discussion se limitera à un échange d'arguments populistes, du type : 'Nous demandons la suspension des transferts de données', ou encore, 'Nous quitterons l'UE', alors que chacun sait qu'aucun de ces scénarios n'est plausible.»