Tchéquie : une victoire à la Pyrrhus pour Babiš ?
Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš et son parti ANO ont remporté le week-end dernier les élections régionales. Ses partenaires au sein du gouvernement national, les sociaux-démocrates et les communistes, ont toutefois essuyé un revers tel que la formation de coalitions dans les régions s'annonce compliquée. Dans ce contexte, l'opposition - conservateurs et libéraux - peut se sentir renforcée dans la perspective des élections de 2021, juge la presse.
Un succès doux-amer pour le Premier ministre
Andrej Babiš et son mouvement Ano ont plutôt matière à se réjouir, estime Seznam Zprávy, mais il y a une anicroche :
«Avec Babiš, c'est la première fois depuis la création des régions que le parti d'un Premier ministre remporte des élections régionales. Depuis 2000, les électeurs ont généralement instrumentalisé le scrutin régional pour sanctionner les équipes nationales au pouvoir. Or la gestion que Babiš fait de ses innombrables conflits d'intérêts réduit à peau de chagrin le potentiel de coalition d'ANO avec les partis de centre-droite. Et la gauche ayant dû essuyer des pertes considérables, ANO se trouve isolé sur l'échiquier politique. Cette constellation n'exclut pas qu'au lendemain des négociations de coalition, ANO se retrouve dans l'opposition, malgré sa victoire arithmétique.»
Une véritable compétition à nouveau possible
Hormis les sociaux-démocrates et les communistes, tout le monde peut se considérer gagnant, analyse Lidové noviny :
«L'opposition voit qu'en unissant ses forces, elle est en mesure de combattre Andrej Babiš et son mouvement ANO, dominant depuis des années. Ce nouveau rapport de forces ne plaira pas au Premier ministre. Mais c'est aussi une bonne nouvelle. Face au Premier ministre, les membres de l'opposition ressemblaient plutôt à des bêtes qu'on mène à l'abattoir. Le fait qu'à l'avenir, les blocs qui s'opposeront seront de force pratiquement égale ne peut que contribuer à raviver la compétition politique, au service des citoyens.»