Maradona, mort d'une légende
Le footballeur Diego Maradona est mort mercredi d'une crise cardiaque à l'âge de 60 ans. Né dans un quartier pauvre de Buenos Aires, il était considéré comme l'un des meilleurs joueurs de tous les temps. Au cours de sa carrière, il a permis à la sélection nationale argentine et au club de Naples de remporter des titres majeurs.
Ivre mort dans la tribune officielle
Pour le chroniqueur Bert Wagendorp de De Volkskrant, Diego Maradona est l'un de ceux dont tout le monde se rappellera la date de la mort :
«Où étais-tu quand tu as appris la nouvelle ? Pour faire partie de ces morts dont la date nous reste en mémoire, on sera bien inspiré de ne pas seulement réaliser d'excellentes performances dans son propre domaine, mais également de briller dans d'autres catégories. Maradona a consommé beaucoup de cocaïne, s'est entouré de racaille, a développé une obsession sexuelle, a horriblement grossi et a pris place dans la tribune officielle en état d'ébriété. Son but le plus célèbre, il l'a marqué à la main, son plus beau à deux pieds. ... Vous me direz que c'est mesquin d'énumérer ces travers à la fin d'une si belle carrière. Mais on peut aussi constater qu'il était un homme autodestructeur qui s'est noyé dans sa gloire et son talent unique et à cause des charognards attirés par sa déchéance.»
Un antihéros aux jambes divines
Un grand s'en est allé, estime Jutarnji list :
«C'était un toxicomane, quelqu'un de malpoli qui se gaussait des grands comme Barcelona mais aussi de la FIFA. ... Jamais auparavant - ni par la suite - quelqu'un n'avait polarisé autant le monde du football. ... Si une personne s'est jamais rapproché du statut de héros populaire international, c'est bien Diego. ... Ce petit homme trapu au look abominable, aux convictions douteuses et aux nombreux choix de vie criminels faisait partie de nous. ... Leo Messi, Cristiano Ronaldo, le 'vrai' Ronaldo, Pelé ou un autre ne s'en approcheront jamais. Maradona était un pécheur à l'âme diabolique et aux jambes divines. Le plus grand.»
L’icône des exclus
Les plus grands supporters de Maradona étaient ceux qui vivaient dans l'ombre des autres, peut-on lire sur le portail In.gr :
«Il est allé à Naples et il est parvenu à remporter le championnat italien. Il a offert au Sud italien, sans cesse dénigré, la fierté que celui-ci cherchait depuis des années au Nord, qui le prenait toujours de haut. ... Il n'a jamais été une 'machine sportive' dépourvue de pensées et de sentiments. Il a toujours mis en avant sa conscience politique et sociale. Le tatouage représentant son compatriote Che Guevara qu'il arborait sur le bras n'avait rien de fortuit. Il soutenait Fidel Castro et Hugo Chávez. Il parlait sans cesse des humbles et des opprimés, et ce sont les pauvres et les humbles qui l’idolâtraient.»
La fierté des Napolitains
Sur le portail republica.ro, l'analyste économique Claudiu Vuță rappelle le passage mémorable de Maradona à Naples :
«Les fans napolitains ont en général deux photos dans leur poche - une de leur mère et une de Maradona. Ils l'aiment et ils le pleureront, car l'Argentin leur a permis de croire qu'ils étaient en mesure de battre des équipes comme l'AC Milan, la Juventus, l'Inter Milan ou la Sampdoria de Gênes. A Naples, offenser Maradona cela revient à offenser la mère de quelqu'un, et on ne plaisante pas avec ce genre de choses. ... Le monde entier pleurera Maradona, mais il y a deux endroits au monde où les fans de football ne l'oublieront jamais - l'Argentine et Naples !»
Exploité de façon inhumaine
Tygodnik Powszechny rappelle le fardeau qui pesait notamment sur les épaules du jeune Diego :
«Difficile, le jour de sa mort prématurée, de ne pas songer à l'exploitation inhumaine dont il avait fait l'objet : alors qu'il n'avait pas encore 20 ans, il avait déjà disputé plus de 200 matchs dans le championnat argentin, se battait contre une blessure à la cuisse et prenait régulièrement des analgésiques. Son club de l'époque, Boca Juniors, était financièrement si tributaire des fans, qui voulaient voir jouer le jeune virtuose, que celui-ci était contraint de jouer, quand bien même cela détruisait son corps. ... Maintenant qu'il est mort, on se dit que ce n'est pas Maradona qui était immature, mais le monde dans lequel il vivait.»
Une idole tragique
L’idolâtrie n'est bonne pour personne, estime Patrik Galavits dans Azonnali :
«Tout le monde voulait voir en lui un Dieu, et peut-être avait-il fini lui-même par croire qu'il était un Dieu. ... Il est impossible de supporter un tel fardeau sans y laisser sa santé mentale. Même lui n'y est pas parvenu. ... Pendant quelques décennies, il a davantage été traité comme un Dieu que comme homme, afin qu'il reste à jamais une légende. Pour son plus grand malheur ?»