Litige Lituanie/Chine : l'Ouest appelé à prendre position
La discorde gronde entre la Lituanie et la Chine. En août, l’Etat balte avait autorisé l’ouverture à Vilnius d’un "Bureau de la représentation taïwanaise". La Chine, qui considère l’île comme faisant partie intégrante de son territoire et récuse tout usage officiel du nom de Taïwan, a réagi par des sanctions économiques et le rappel de son ambassadeur. La Lituanie pourra-t-elle trouver des soutiens ?
Trouver des soutiens
Vilnius doit s'entourer de partenaires de taille, fait valoir Lietuvos rytas :
«La Lituanie ne pourra parer les coups de la Chine que si les Etats-Unis et l'UE se rangent clairement derrière elle. Le conseiller à la sécurité du président Biden et d'autres hauts fonctionnaires américains ont certes déjà affirmé que Washington soutenait Vilnius dans le litige avec Pékin. Mais il est nécessaire d'exercer une pression en coulisses. … L'UE dispose elle aussi d'un levier important, car Pékin accorde une grande importance à la conclusion de l'accord d'investissement entre l'Union et la Chine - un accord qui ne cesse de s'embourber, et l'action des Etats-Unis n'y est pas étrangère. Une partie de notre économie redoute des pertes et juge que la politique extérieure lituanienne, qui cherche constamment à se porter à la pointe de la critique occidentale des régimes autoritaires, n'est pas judicieuse. Pour dissiper ce mécontentement naissant, nos diplomates seraient bien avisés de rechercher le soutien des partenaires occidentaux.»
Face à la Chine, le prix de la passivité
Dans Postimees, le chroniqueur Iverson Ng appelle le gouvernement estonien à prendre lui aussi position :
«L'indifférence de la politique étrangère estonienne vis-à-vis de la Chine est inquiétante : le manque de solidarité avec la Lituanie, victime de l'agression diplomatique chinoise, donne le feu vert à la Chine pour recourir à l'avenir à des mesures similaires à l'encontre de l'Estonie. Pire encore, la société civile et le monde des affaires estoniens seront plus vulnérables encore au soft power chinois si Tallinn reste aussi passive vis-à-vis de Pékin alors que celle-ci s'efforce de diviser les Etats baltes et le reste de l'UE.»
Washington se frotte les mains
La crise diplomatique commence à prendre de l'ampleur, observe Gazeta Wyborcza :
«Mardi, le ministère lituanien de la Défense conseillait aux consommateurs de ne plus acheter des smartphones chinois, pourtant très prisés, et appelait les propriétaires desdits appareils à changer progressivement de marque. ... La Chine n'autorisant pas que le nom de Taïwan surgisse dans les relations internationales, il a suffi que Vilnius change le nom du bureau de la représentation taïwanaise pour susciter l'émoi à Pékin. Washington, pour sa part, se frotte les mains. La semaine dernière, le conseiller de Biden à la sécurité nationale, Jake Sullivan, s'est entretenu avec la Première ministre lituanienne, Ingrida Šimonyte, et lui a apporté son soutien face à la Chine.»