Canada : le pape demande pardon aux peuples autochtones
Le pape François s'est rendu au Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones pour les abus commis au sein de pensionnats catholiques. Dès 2008, Ottawa avait reconnu des abus et des violences sexuelles perpétrés pendant des décennies contre les enfants des "écoles résidentielles", et versé 14 milliards d'euros de dédommagements. Quelle est la portée de la pénitence du pape ?
Un geste significatif
Tygodnik Powszechny souligne l'importance du voyage du pape :
«Le pape François a entamé sa visite la plus difficile et peut-être la plus importante à l'étranger. Lui-même l'a qualifiée de 'pèlerinage pénitentiel'. Il s'agit d'un voyage inédit, car il est effectué au nom de la réconciliation. Le pape s'est rendu au Canada pour faire pénitence au nom de toute l'Eglise catholique.»
L'Eglise est coupable !
Frankfurter Rundschau déplore que François se soit contenté de réitérer la formule de ses prédécesseurs, à savoir que seuls des "membres de l'Eglise" auraient commis des fautes :
«Comme si les conditions dans les pensionnats catholiques de rééducation et la complicité avec l'Etat ne relevait pas du ressort de l'Eglise elle-même. En tant qu'institution, elle n'a pas rempli le rôle qui lui revenait : aider les plus faibles. Au lieu de quoi, elle s'est mise en cheville avec les puissants. Faire valoir les 'circonstances de l'époque' pour tenter de relativiser les faits est également non avenu. Martyriser, abuser sexuellement ou laisser mourir de faim des enfants n'a jamais fait partie des prérogatives des responsables ecclésiastiques - s'ils avaient pris au sérieux leur propre message, ils n'auraient jamais toléré ou commis de tels actes. »
Demander pardon est insuffisant
En dépit des excuses officielles, NRC Handelsblad regrette l'absence de mesures de réparation :
«Pour l'instant, l'Eglise catholique n'a payé qu'une partie de l'indemnité annoncée. Nous attendons toujours l'ouverture de l'ensemble des archives et l'accès aux registres et documents afin que la Commission canadienne de vérité et réconciliation puisse étudier le sort réservé aux enfants disparus. ... Si le pape François entendait réellement mettre fin à cette habitude ancrée de nier, dissimuler et détourner le regard, il devrait s'excuser publiquement, mais aussi reconnaître les souffrances subies. ... La justice, la compensation et surtout la transparence s'imposent.»