Scandale d'espionnage en Grèce : de nouvelles révélations
D'après un travail d'investigation réalisé par l'hebdomadaire Documento, les traces du logiciel espion Predator auraient été détectées sur les téléphones de 33 personnes. En plus de membres de l'opposition, seraient aussi concernés des ministres en activité, leurs proches, ainsi que des journalistes et des hommes d'affaires. Les services de renseignement grecs sont placés sous l'autorité directe du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. Les éditorialistes réclament des conséquences.
Mitsotakis voit des ennemis partout
Le journaliste d'investigation Kostas Vaxevanis, éditeur du journal Documento, écrit :
«Tout le monde faisait l'objet d'une surveillance. Les adversaires politiques de Mitsotakis, mais aussi ses propres collègues - les ministres qui ne suivaient pas sa ligne ou qui étaient jugés imprévisibles. Le pays a été pris dans les mailles d'un filet de collecte d'informations, dont le but était la manipulation politique et le chantage - et ce système continue probablement d'opérer aujourd'hui. ... La Grèce vit dans la réalité virtuelle dystopique des spectres qui hantent l'esprit de Mitsotakis. ... Tous les individus sont des ennemis, des dangers potentiels. Même les personnes de son proche entourage n'ont pas échappé à ce délire de persécution.»
Les médias progouvernementaux ne bronchent pas
Ces révélations ne suscitent pas l'écho qu'elles mériteraient en Grèce, déplore le portail TVXS :
«Si les médias internationaux relaient le reportage de Documento sur ces pratiques d'espionnage, la plupart des médias progouvernementaux du pays l'occultent ostensiblement. Cette information détonante est présentée comme une nouvelle routinière, d'importance modérée, comme un accrochage parmi d'autres entre le gouvernement et l'opposition. On aurait pu penser que l'éditeur du journal qui a réalisé le reportage enchaînerait les entretiens à la télé et la radio. Or non seulement il n'en est rien, mais de surcroît, le mécanisme de propagande gouvernementale le présente comme un adversaire politique fanatique, farouchement opposé à Mitsotakis, et non comme un journaliste qui a divulgué des informations capitales.»
Le scandale s'aggrave
Le site News247 est sans voix :
«Si les ministres étaient surveillés avec la connaissance du Premier ministre, alors ce scandale d'espionnage revêt des proportions nouvelles, inédites pour un pays de l'UE. ... Et si cette surveillance avait lieu sans que le Premier ministre ne soit au courant, alors le pays n'est qu'un espace ouvert aux quatre vents, sur lequel prolifèrent les logiciels espions de tout type. La promesse tardive du gouvernement d'interdire réellement la vente de logiciels illégaux n'a aucune valeur. Car jusqu'à présent, il l'a faite seulement pour empêcher que ne soit divulgué ce pan du scandale. Aucune enquête n'a été ouverte sur les sociétés qui ont commercialisé Predator, et la majorité a obstinément refusé que les représentants de ces entreprises ne témoignent devant les commissions parlementaires compétentes.»