Journée de la femme : des luttes sans fin
Le constat n'est pas réjouissant cette année en ce qui concerne l'égalité des chances pour les femmes et les jeunes filles à travers le monde : 'Les avancées réalisées au fil des décennies se défont sous nos yeux', a déclaré le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'occasion de la Journée internationale des Droits des femmes. Selon lui, l'égalité des sexes ne pourra être réalisée que d'ici 300 ans, en raison notamment des crises, des guerres et de l'extrémisme. La presse évoque les différents aspects de cette problématique.
Ne pas oublier qu'un grand droit a été bafoué
Les Nations unies ont une vision biaisée de la réalité, s'agace La Stampa :
«Nous voulions construire un avenir plus égalitaire, mais nous sommes face à un présent où les femmes sont bafouées. Elles sont abusées et violées en temps de guerre, victimes de la traite d'êtres humains, privées du droit aux soins, à l'éducation, à la participation à la vie publique, au droit de vote, du droit à la contestation et à la représentation politique. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, évoque l'Afghanistan, la région du Sahel, l'Iran, mais oublie de mentionner les Etats-Unis - le pays d'où provient la plus grande contribution financière aux Nations unies - où un autre droit des femmes, celui du droit à l'avortement, a été abrogé.»
Il manque une voix aux premières concernées
Dans El País l'écrivaine Elvira Lindo appelle à une plus grande conscience sociale au sein du mouvement :
«Lorsqu'un mouvement adopte un langage éloigné des personnes qu'il est censé représenter, il se crée automatiquement un fossé, car il n'y a rien de pire que de ne pas comprendre celles et ceux qui vous défendent. ... Le féminisme ne doit pas devenir le monopole d'un seul groupe, ni s'égarer dans des différends pour savoir qui en sera la figure de proue. Les principales figures de cette journée historique devraient être celles dont la volonté a été brisée : ces femmes iraniennes ou pakistanaises qui subissent une violence systématique, qui fuient les bombes ou sont chassées de chez elles. ... Des femmes sans voix, auxquelles nous devons prêter la nôtre pour qu'elles puissent exprimer ce dont elles ont besoin pour vivre une existence digne d'être vécue.»
Une inégalité des chances parmi les femmes
Si le féminisme veut triompher, il doit s'opposer à toute forme d'oppression, souligne à son tour Frankfurter Rundschau :
«Le monde n'est pas uniquement constitué d'oppresseurs hommes et d'opprimées femmes. ... Réfléchir à l'inclusion et aux inégalités suppose d'avoir conscience de notre position sociale et de nos privilèges. La vie d'une femme noire qui travaille comme femme de ménage n'est pas la même que celle d'une femme blanche qui occupe un poste de direction. Une femme blanche, mince, hétérosexuelle et diplômée de l'université aura probablement une existence moins difficile qu'une femme noire, lesbienne, en surpoids et sans diplôme. ... Il est temps de nous poser des questions sur nous-mêmes, de sortir de notre tour d'ivoire et de tenir compte de la pluralité de la société.»
Plus fortes mais pas encore à égalité
Les inégalités sont également dans les mentalités, analyse Primorkse novice :
«Notre société aveugle et véhiculant des stéréotypes a des attentes vis-à-vis des femmes qui sont profondément ancrées dans leurs consciences. Elles doivent satisfaire toute une série d'exigeances sociales (baccalauréat, diplôme, travail, maison, mariage, enfants). ... Mais elles subissent également la violence et le harcèlement moral qui les paralysent, et qui les plongent dans le désespoir et la peur. A poste égal, les salaires des femmes sont plus faibles que ceux des hommes en moyenne, les femmes se consacrent davantage aux tâches domestiques et elles sont moins représentées dans les postes de décision. Malgré toutes ces pressions, la femme slovène d'aujourd'hui est toute-puissante : elle s'occupe du foyer, est proactive au travail et joue le rôle de psychologue pour ses amis.»
Les femmes politiques, cibles de la cyber-haine
Les femmes occupant des postes à responsabilité sont bien plus souvent victimes d'agressions sur Internet que les hommes, déplore The Irish Times :
«L'arène numérique est le nouveau champ de bataille de l'égalité de genre, les femmes étant ciblées de façon disproportionnée par les insultes et le harcèlement. Les démissions de Jacinda Ardern et Nicola Sturgeon ont donné lieu à des débats partout dans le monde sur la tendance de l'espace politique à former un terrain de plus en plus inhospitalier pour les femmes. En Irlande, où la représentation des femmes en politique est plus faible qu'en Chine ou qu'en Irak, les femmes politiques sont contraintes de composer avec les formes les plus viles de harcèlement, de menaces et de déshumanisation.»