Autriche : l'argent liquide, un droit fondamental ?
Malgré les critiques au sein de son propre parti, le chancelier autrichien Karl Nehammer entend faire du paiement en espèces un droit fondamental et l'inscrire dans la Constitution. Ce week-end, il a franchi une étape supplémentaire en adressant une vidéo directement à ses concitoyens. La presse du pays s'interroge sur le bien-fondé d'une telle mesure.
Des discussions futiles
On discute ici de faux problèmes, s'agace le juriste Rainer Hable dans le quotidien Die Presse :
«Si un article de la Constitution autrichienne ne fait que répéter ce que les traités européens prévoient de toute façon, il ne sert à rien. ... La demande visant à ancrer le droit à régler en espèces dans la Constitution autrichienne est donc totalement dénuée de sens. D'une part, parce que l'Autriche ne pourrait prévoir autre chose que ce qui est déjà prévu par le droit européen. D'autre part, parce qu'en vertu de l'article 128 du Traité de Rome, le droit au paiement en liquide est déjà ancré dans le droit constitutionnel européen. Bref, le chancelier Karl Nehammer s'attaque à de faux problèmes.»
Un symbole de liberté
Nous sommes nombreux à accorder une valeur symbolique à l'argent liquide, rappelle Kurier :
«Politiquement parlant, le sujet est une valeur sûre. Tous les sondages montrent à quel point les Autrichiens sont attachés à leur argent liquide. L'initiative populaire 'Pour un paiement en espèces illimité' a recueilli plus de 530 000 signatures. Ses initiateurs ont marqué des points en avançant des arguments que les opposants ne réussissent pas à contrer depuis des années, à savoir que l'argent liquide est un gage de liberté et d'indépendance. Il permet, selon eux, d'échapper au danger de devenir 'un individu transparent dans le monde numérique'. Il peut s'utiliser même en cas de panne d'électricité, contrairement aux monnaies numériques. Sans compter qu'il prouve son efficacité en contexte de crise.»