La Suisse durcit les conditions d'accueil des réfugiés ukrainiens

Depuis plus de deux ans, le "statut S" donnait droit aux réfugiés ukrainiens d'être accueillis en Suisse à l'issue d'une procédure simple et rapide. Cette semaine, le Parlement suisse a décidé de restreindre ce droit, en s'inspirant du modèle norvégien. Dorénavant, seuls les réfugiés issus de zones occupées ou qui sont le théâtre de combats seront éligibles au statut S. La décision fait débat dans la presse helvète.

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Aargauer Zeitung (CH) /

Une sirène ne fait pas la guerre

Dans Aargauer Zeitung, le reporter de guerre Kurt Pelda est favorable à la décision :

«Il arrive bien sûr occasionnellement que des missiles, des drones et même des missiles de croisière frappent la partie Ouest de l'Ukraine, à proximité des pays membres de l'OTAN que sont la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. Mais quiconque se rend en Ukraine remarquera la différence notable entre les régions proches du front, dans les parties Est et Sud du pays, et la situation dans la partie Ouest, largement épargnée par la guerre. ... Il est vrai qu'on entend souvent hurler les sirènes en Ukraine, mais cela ne veut pas dire que le territoire entier est une zone de guerre. ... Le rugissement des sirènes ne justifie pas un octroi du droit d'asile dans un des systèmes de protection les plus généreux au monde.»

Neue Zürcher Zeitung (CH) /

Petitesse et égoïsme

D'autres devront payer le prix de l'égoïsme suisse, critique Neue Zürcher Zeitung :

«La Moldavie, la Tchéquie, la Pologne et l'Estonie accueillent toutes plus de 20 réfugiés pour 1 000 habitants. En Suisse, le ratio est de 8 réfugiés pour 1000 habitants, soit encore moins qu'en Allemagne, au Liechtenstein ou en Autriche. ... Une fois de plus, cette mesquinerie aura pour conséquence d'alourdir le fardeau que d'autres pays auront à porter : les pays qui prendront le relais de la Suisse pour accueillir les Ukrainiennes et les Ukrainiens éconduits par la Suisse. ... Ce changement de politique n'a pas été suffisamment réfléchi et il sera difficile à mettre en œuvre dans la pratique. ... Il nuit à l'image de la Suisse dans le monde, envoyant le message que le pays veut se mettre en retrait, abandonnant l'Ukraine à son sort.»