Oscars : le culte du cinéma dans un monde en perte de repères
Dimanche à Los Angeles, la 97e cérémonie des Oscars a récompensé les meilleurs films du point de vue de Hollywood. La presse européenne commente le déroulement de la cérémonie, ainsi que les récipiendaires des prix – parmi lesquels un film d'animation letton.
Trump fait peur
The Guardian croit savoir pourquoi la cérémonie des Oscars a semblé si apolitique cette année :
«Quid de la contestation ? Des prises de position ? ... On en retiendra qu'à Hollywood comme ailleurs, les gens ont peur – car Trump est mesquin et vindicatif, mais aussi parce qu'en raison de l'ampleur de l'incertitude du monde dans lequel nous sommes propulsés, un silence réfléchi apparaît plus raisonnable que de grands discours. Il faudra voir si cela débouchera sur une capitulation, et si Hollywood, à l'image du secteur des médias et de la tech, donnera à voir une version contemporaine de Leni Riefenstahl.»
Hollywood continue de s'auto-encenser
Tygodnik Powszechny déplore que la cérémonie ait voulu se donner un vernis social :
«Pas étonnant que cette année, lors de la cérémonie de remise des prix les plus convoités du monde du cinéma, les prises de position aient été suivies avec autant d'anticipation et de défiance. Les allusions au monde situé au-delà du tapis rouge – qu'il s'agisse des courageux pompiers californiens (du reste présents sur scène), des propos d'une star issue de l'immigration, ou encore de l'hommage rendu aux petites mains anonymes de l'industrie du cinéma – ont été abondamment applaudies. Mais cela n'a pas empêché de constater qu'avec ce grand raout, Hollywood cherche comme toujours à célébrer son propre éclat – et surtout celui de son passé.»
Croire en un avenir meilleur
Avec "Flow", le réalisateur letton Gints Zilbalodis a remporté l'Oscar du meilleur film d'animation. Une œuvre qui s'insère dans le contexte géopolitique actuel, juge le critique de cinéma Kaspar Viilup sur le portail ERR Online :
«A une époque où même les plus optimistes commencent à perdre espoir, il faut s'agripper à la moindre bouée. ... Il faut triompher de la stupidité et restaurer la foi en un avenir meilleur ; et si les Lettons sont capables de remporter un Oscar, alors tout est possible. ... Rappelons brièvement la trame de 'Flow' : les humains ayant disparu, les animaux doivent resserrer les rangs. Le monde que dépeint le film présente des similitudes troublantes avec le nôtre, mais une grande catastrophe inexplicable a tout chamboulé.»
Une lueur d'espoir pour le Proche-Orient
Politiken se réjouit que le film israélo-palestinien "No Other Land" ait reçu l'Oscar du meilleur documentaire :
«En dépit d'un fossé croissant, il a été réalisé par des réalisateurs israélien et palestinien. ... Il existe une autre voie que la guerre, et celle-ci passe par la coopération, comme le met en avant le film. L'une des tragédies du conflit, c'est que les Israéliens et les Palestiniens se connaissent de moins en moins. ... Malgré ses images terribles, 'No Other Land', par sa simple existence, permet d'envisager un avenir dans lequel Israéliens et Palestiniens lutteront ensemble – contre l'injustice, et pour un monde dans lequel les deux peuples seront libres.»