La presse lituanienne a été saignée à blanc ces dernières années : elle ne compte aujourd’hui plus aucun quotidien national, tandis qu’un certain nombre de revues ont dû déposer le bilan. Depuis le début de la crise sanitaire, la survie des sites d’information sur Internet fait elle aussi question. Pourtant, la situation n’a pas toujours été aussi désespérée pour les médias lituaniens.
Lituanie : le coup de grâce porté aux médias numériques
Les quotidiens : de l’histoire ancienne
La crise économique mondiale de 2008 et les dures décisions politiques qui s’en sont suivies (par ex. hausse de 5 à 21 pour cent de la TVA sur la presse écrite) avaient été un coup dur. Certains médias ont été aussitôt balayés, d’autres se sont encore battus quelque temps pour leur survie. En 2019, le doyen des quotidiens lituaniens, Lietuvos žinios, avait cessé de paraître, mettant fin à une tradition plus que centenaire. Mais depuis longtemps, il n’existait plus de quotidien national à proprement parler, puisqu’ils renonçaient déjà tous à l’édition du lundi. Depuis 2020, Lietuvos rytas, jadis le quotidien plus important et le plus influent du pays, ne paraît plus que trois fois par semaine. La crise du coronavirus a également donné du fil à retordre au seul quotidien économique du pays, Verslo žinios, qui a dû se transformer en hebdomadaire. Les deux principaux journaux régionaux sont Kauno diena, pour Kaunas, deuxième ville du pays, ainsi que Klaipėda et Vakarų ekspresas, pour la ville portuaire de Klaipėda.
Des multinationales entrent en scène
Si la crise économique mondiale avait cassé les reins des médias papier, la pandémie du coronavirus affecte désormais aussi les médias numériques. Même si les nombres de fréquentation de leurs sites pulvérisent tous les records, les recettes publicitaires sont en chute libre et les médias -y compris les trois plus grands sites d’informations Delfi, 15min et Lrytas - ont même dû demander à l’Etat de leur venir en aide.
La crise économique de 2008 avait provoqué plusieurs changements de propriétaires. Le groupe norvégien Schibsted s’est retiré du marché lituanien en vendant en 2013 le portail 15min au groupe estonien Postimees Group (anciennement Eesti Media). En 2017, la chaîne de télévision Tv3 – propriétaire du portail très consulté Tv3 – a elle-aussi changé de mains. Le groupe suédois Modern Times Group a vendu les médias qu’il détenait dans les pays baltes au fonds américain Providence Equity. Parmi les autres grands groupes étrangers, on trouve le suédois Bonnier Business Press AB (Verslo žinios) et l’estonien Ekspress Group (Delfi).
Parmi les groupes de presse lituaniens, Lietuvos rytas et Respublikos leidiniai sont les plus puissants. Il est souvent reproché aux médias détenus par des propriétaires lituaniens de se laisser influencer par des protagonistes de l’économie et de la politique. Ceci vaut surtout pour les petits médias locaux, dont les propriétaires ont souvent des liens étroits avec la classe politique, quand ils ne prennent pas activement part à la vie politique.
Le gouvernement n’a de cesse de tenter d’augmenter son emprise sur les médias et la radio-télévision publique. Une commission d’enquête parlementaire a notamment été instituée pour étudier les activités de l’audio-visuel public. Une enquête qui devait ultérieurement être jugée contraire aux principes de la constitution par la Cour constitutionnelle.
Classement pour la liberté de la presse (Reporters sans frontières) :
rang 28 (2020)
Mise à jour : avril 2020