Pas d'entente au sein de l'Eurogroupe
Le ministre grec des Finances et ses homologues européens ne sont pas parvenus à s'entendre mercredi soir, dans le cadre de la réunion de l'Eurogroupe, sur une prorogation du programme d'aide accordé à la Grèce. Le pays devra faire des compromis, estiment certains commentateurs. D'autres appellent l'UE à trouver une alternative à un Grexit en cas d'échec des négociations.
Athènes doit enfin faire des compromis
Il est encore possible de trouver un compromis sur la dette publique, à condition qu'Athènes fasse de plus grandes concessions envers la communauté monétaire, estime la radio publique Deutschlandfunk : "L'Eurogroupe est disposé à lâcher un peu de lest. En effet, personne n'a intérêt à ce que l'Etat grec fasse faillite ou qu'il quitte la zone euro. Dans un tel scénario, il n'y aurait que des perdants, bien que le dommage que subirait la Grèce serait bien supérieur. … Or il est certain que sans contrôle, il ne peut pas y avoir de soutien européen ; s'il est envisageable de rectifier modérément les mesures de réforme, il est impossible de les supprimer tout bonnement. L'argent fait défaut pour remplir des promesses de campagne trop chères. Et que le gouvernement grec hausse le ton pour réclamer une remise de dette n'augmente guère ses chances de l'obtenir."
Faire des concessions des deux côtés
La zone euro et Athènes doivent trouver un compromis sur la question de la dette, car l'enjeu est de taille pour les deux camps, analyse le quotidien libéral Kurier : "Une attitude responsable et intelligente demanderait aux deux parties de mettre de l'eau dans leur vin. Les tenants de la ligne dure veulent-ils vraiment prendre le risque d'une faillite de l'Etat grec ? Si c'est le cas, ils devront déclarer la faillite de la politique du consensus que l'Europe mène depuis des années, mais aussi l'échec du projet de paix de l'UE. Si Syriza réussissait à réformer et à moderniser ce pays corrompu et à sanctionner les fraudeurs fiscaux, la Grèce pourrait devenir un modèle pour les Etats qui connaissent des difficultés comparables. Ce serait la preuve que les partis de gauche peuvent eux aussi déplacer des montagnes."
L'UE a besoin d'un plan B pour la Grèce
Dans la crise de la dette, les partenaires de négociation se dirigent droit vers une exclusion de la Grèce de la zone euro, prévient le quotidien conservateur Dziennik Gazeta Prawna, qui appelle l'UE à développer un plan B : "La possibilité d'une sortie ou d'une exclusion de la zone euro devient de plus en plus probable. Or dans une telle hypothèse, ce ne serait pas nécessairement la faute des Grecs. … Car il n'est absolument pas certain que le programme d'austérité que la troïka impose à la Grèce est vraiment efficace ou bien s'il ne fait qu'envenimer la situation. Il y a quelques mois, le FMI avait lui-même reconnu avoir mal évalué l'impact potentiel des mesures d'austérité sur le recul du PIB. Par ailleurs, les expériences menées avec d'autres pays ne permettent pas de tirer des conclusions claires. … Le problème, c'est que les partisans de la ligne dure vis-à-vis de la Grèce n'ont pas prévu d'alternative à l'exclusion du pays de la zone euro en cas d'échec des négociations."
La résurgence d'anciennes hostilités
Dans les négociations menées par les ministres des Finances de la zone euro avec la Grèce, on alimente un ressentiment mutuel, déplore le quotidien libéral La Stampa : "On ne peut continuer à gérer la zone euro de cette façon. Les disputes intergouvernementales, comme celle d'hier dans l'Eurogroupe à propos de la Grèce, ne font qu'alimenter des sentiments hostiles entre les différents pays. Des sentiments qui s'ancrent dans les esprits. … Les institutions actuelles sont impropres à gérer les interdépendances économiques que l'euro a créées. … Avec des organismes collectifs de la zone euro démocratiquement légitimes et souverains, il serait bien moins difficile de décider d'accorder à la Grèce une aide supplémentaire, susceptible de représenter dix pour cent des crédits déjà accordés, et de s'entendre sur une prorogation du délai de remboursement. Car c'est de cela dont il s'agit."
Le combat de Varoufakis est celui de l'Europe
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi à Athènes et dans les villes de Grèce pour apporter leur soutien au gouvernement dans la crise de la dette. Or ce combat n'est pas seulement celui des citoyens Grecs, écrit le quotidien de gauche proche du gouvernement Avgi : "Le combat du gouvernement grec est soutenu par la majorité de la population. C'est aussi son principal atout. Les citoyens veulent que cesse l'attitude humiliante adoptée vis-à-vis de leur pays et saluent la position forte défendue par le gouvernement. … Les partis d'opposition en Grèce seraient bien avisés d'écouter la voix des citoyens et de se placer véritablement du côté du gouvernement dans cette lutte nationale primordiale. Celui-ci lutte pour que les citoyens puissent respirer et pour que le pays retrouve la voie de la croissance. Ce combat, c'est celui qui tend à mettre fin à la politique catastrophique de l'austérité en Europe."