Nétanyahou critique l'accord sur le nucléaire iranien
Dans un discours tenu devant le Congrès américain, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a mis en garde contre les conséquences d'un accord sur le nucléaire iranien. Celui-ci n'empêchera pas Téhéran de construire des bombes atomiques, a-t-il affirmé. Les craintes d'Israël sont tout à fait justifiées, estiment certains commentateurs. D'autres accusent Nétanyahou de compromettre l'alliance importante entre les Etats-Unis et Israël.
Les relations avec les USA durablement ébranlées
Avec son discours devant le Congrès américain, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a durablement troublé les relations avec les Etats-Unis, estime le journal ultraconservateur Basler Zeitung : "Invité à Washington par les opposants républicains, Nétanyahou n'avait pas l'assentiment du président Obama pour prononcer son discours devant le Congrès. Nétanyahou a ainsi sapé la confiance et affaibli l'alliance avec les Etats-Unis, primordiale pour la survie d'Israël. Les relations israélo-américaines ont été soutenues aussi bien par les démocrates que par les républicains pendant des décennies. Elles faisaient partie d'un consensus national et commun à tous les partis. Or Nétanyahou vient de porter ces relations au cœur des disputes partisanes américaines. Cela remet en cause le soutien automatique et inconditionnel des Etats-Unis, dont dépend Israël. Si celui-ci devient instable, et s'il devient une pomme de discorde entre les démocrates et les républicains, alors cela sera au moins aussi dangereux pour Israël que la perspective d'une bombe atomique iranienne."
Des craintes tout à fait justifiées
Vu les émotions suscitées par le discours du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou devant le Congrès américain, il ne faudrait pas perdre de vue le véritable problème, prévient le quotidien économique libéral Hospodářské noviny : "Les Etats-Unis font une concession après l'autre vis-à-vis de l'Iran. Il y a deux ans, Obama prétendait qu'il ne permettrait pas que Téhéran dispose d'un programme nucléaire. En réalité, il n'a fait que ralentir ce processus, sans l'arrêter. … L'Iran ayant rejeté une supervision internationale de la branche militaire de son programme atomique, tout en s'attelant au développement de ses missiles longue portée, il ne faut pas s'étonner qu'Israël, mais aussi l'Arabie Saoudite et d'autres Etats sunnites de la région, se montrent plus que nerveux. … Le discours d'avertissement prononcé par Nétanyahou au Congrès était certes un peu malencontreux. Mais le péril sur lequel il a voulu attirer l'attention est très sérieux."
Le Congrès américain en guise de tribune électorale
L'intervention du Premier ministre israélien n'a pas grand-chose à voir avec l'Iran, mais surtout avec les élections législatives anticipées du 17 mai, commente le quotidien de centre-gauche La Repubblica : "Un dirigeant étranger 'occupe' le Congrès américain et s'en sert de tribune pour sa campagne électorale, en s'attaquant au gouvernement du pays qui l'accueille. Les historiens ne trouveront qu'un seul précédent d'un politique étranger ayant harangué le Congrès américain : nul autre que Winston Churchill, le grand homme d'Etat britannique, allié stratégique dans la guerre mondiale contre le fascisme. … La réélection de Nétanyahou - car c'est l'unique véritable enjeu - aura un prix. Elle laissera une tache dans les relations entre les Etats-Unis et Israël. La moitié des citoyens américains condamnent l'invitation faite par le Congrès. Celle-ci trouble par ailleurs l'image de cette institution, dont la crédibilité est déjà au plus bas."
Les blocages de Nétanyahou favorisent le camp iranien
Avec son attitude figée dans le litige nucléaire avec l'Iran, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou n'obtiendra que l'inverse de ce qu'il veut, écrit le quotidien libéral NRC Handelsblad : "Presque tout le monde veut un accord. L'Iran veut sortir de son isolement. Les sanctions et la chute des prix du pétrole ont mis le pays à genoux. … Et pour les Etats-Unis et les Européens, l'Iran ne fait plus partie de 'l'axe du mal'. Ils ont besoin de l'Iran pour lutter contre le groupe terroriste Daech en Syrie et en Irak. Et l'isolement n'est pas d'un grand secours dans ce processus, comme ils ont pu le remarquer. … Par son attitude rigide, Nétanyahou ne fait que rapprocher un peu plus les négociateurs des deux camps. Il rend à l'Iran la tâche plus facile pour faire des concessions. Quand les Iraniens se montrent modérés, ils contribuent à faire de Nétanyahou le véritable ennemi. Il devient alors plus aisé de vendre un accord, aussi difficile soit-il, aux Iraniens."