Sommet de Riga : des attentes modestes
Le sommet de l'UE sur le partenariat oriental s'ouvre ce jeudi à Riga. Dominée par le conflit ukrainien, la rencontre n'aboutira probablement pas à une concrétisation d'engagements de l'UE envers les six pays partenaires. Certains commentateurs reprochent à l'UE de les abandonner à leur sort. D'autres se montrent plus compréhensifs envers l'UE, qui aurait raison d'hésiter à s'attirer les foudres de la Russie.
Nos voisins à l'Est devront se débrouiller tout seuls
L'Europe affiche des intentions très modestes avant le sommet à Riga, pour ne pas provoquer de nouveau conflit avec la Russie, croit savoir le quotidien România Liberă. Cette attitude nuit à l'Ukraine et aux autres pays en voie de rapprochement avec l'UE à travers le partenariat établi, critique le journal : "Avec le temps, l'optimisme de ces pays s'est envolé. Ils ont compris qu'ils devraient s'en remettre à leurs propres forces, leur propre instinct et leur propre expérience pour survivre à une nouvelle époque où ils seront une pièce de puzzle entre l'Europe de l'Ouest, prospère mais égoïste, et la partie Est, généreuse mais dominatrice. La Russie mène une guerre d'usure qui transforme l'Ukraine de l'Est en une région à peu près aussi autonome que la Transnistrie afin d'avoir une ceinture de protection pour la Crimée. Cette expérience est pour les Moldaves et les Géorgiens la preuve suffisante que l'Europe de l'Ouest ne les défendra jamais contre la Russie. Comme par le passé, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes."
Nourrir des illusions d'adhésion serait dangereux pour l'UE
L'UE est dépassée par le souhait des six pays du partenariat oriental de s'ouvrir une perspective d'adhésion à l'UE, met en garde Eric Bonse sur son blog LostinEU : "'Overstretched' - sursollicitée : l'Europe l'est aujourd'hui déjà. L'UE n'a pas encore réussi à intégrer réellement les derniers arrivants que sont la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie, cette dernière étant ébranlée par une profonde crise. Dans les Balkans aussi, auxquels Bruxelles a promis une adhésion globale, les choses n'avancent pas. Au Kosovo, colonie de l'UE, une émigration massive a commencé ; la Macédoine est pour sa part gagnée par le chaos. … Le seul dénominateur commun [aux pays du partenariat oriental] est le fait qu'ils soient d'ex-républiques soviétiques, et qu'ils aspirent à rallier l'Occident. Or cela ne suffit pas pour un véritable partenariat. Cela suffit tout juste pour s'attirer à nouveau les foudres de Moscou. L'UE s'est trop élargie. Elle devrait à présent se garder de nourrir de nouvelles illusions dangereuses. Or c'est précisément le grand danger. Il ne faut pas perdre de vue qu'il en va de nouveaux marchés, et de géopolitique."
Prague se désolidarise de Kiev
L'Ukraine reviendra bredouille du sommet de Riga, notamment parce que le parlement tchèque a omis de ratifier en temps voulu l'accord d'association entre Kiev et l'UE, déplore le journal économique Hospodářské noviny : "Le fait que la dernière tentative d'aborder l'accord au Parlement a été bloquée par le parti communiste KSČM montre que ce dernier joue en Tchéquie le rôle que la Russie joue sur la scène internationale. … Le cabinet et le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek avaient le temps depuis décembre dernier pour ratifier l'accord. Mardi encore, Zaorálek avait assuré à son homologue ukrainien que le gouvernement était favorable à une ratification. … Le ministre figure parmi les détracteurs les plus virulents de Moscou au sein du gouvernement tchèque à en juger par ses propos. Mais son échec concernant l'accord d'association éveille de nouveaux doutes quant au pouvoir qu'il exerce réellement."