Selon le FMI, Athènes a besoin d'un 3e programme de secours
Le FMI a estimé dans une récente analyse que la Grèce aurait besoin de nouveaux crédits d'un volume de près de 52 milliards d'euros d'ici 2018 et d'une remise de dette. L'Eurogroupe devrait enfin envisager une remise de dette et l'introduction d'euro-obligations plutôt que de sempiternels programmes de secours, écrivent les commentateurs. Ils citent le précédent de l'Argentine et sa gestion de la crise de la dette.
Pas d'amélioration sans remise de dette
Il faut enfin briser le tabou de la remise de dette, demande le quotidien de centre-gauche De Morgen : "Le FMI préconise - et ce n'est pas la première fois - un allègement du poids de la dette comme élément central d'une solution. Mais ce qui est particulièrement remarquable, c'est le moment choisi par le créancier international pour faire cette recommandation, qui assouplit prudemment la ligne impitoyable de [la directrice du FMI] Christine Lagarde et qui transforme en nécessité absolue ce qui était jusque-là considéré comme un grand tabou politique. Lorsque le FMI préconisait une remise de dette, il se heurtait jusque-là aux réticences des gouvernements nationaux européens. Dans sa récente analyse, le FMI ne se préoccupe pas de cet aspect. La situation est si grave, selon les économistes, que la méthode simpliste du 'marche ou crève' ne fonctionnera plus très longtemps, même si les dirigeants politiques continuent de l'appliquer."
Les eurobonds plutôt que des programmes de sauvetage
L'euro ne survivra à la crise grecque que si les Etats membres réussissent à mieux répartir les charges, estime l'hebdomadaire économique libéral The Economist : "Pour se prémunir du risque de récession économique, les membres de la zone euro doivent se doter de mécanismes automatiques tels qu'une assurance chômage collective qui canalise des fonds supplémentaires vers les pays en récession. Au lieu de programmes de sauvetage, la zone de la monnaie unique devrait fédérer les risques et les responsabilités - une forme d''euro-obligations' ou de dette publique conjointement garantie et régie par des règles budgétaires plus contraignantes que celles actuellement en vigueur. … La morale de la catastrophe grecque, c'est que les Européens doivent ouvrir les yeux sur les contradictions de l'euro. Faute de quoi ils en feront les frais, dans des situations plus désastreuses encore."
Il y a une vie après le défaut de paiement
La Grèce se trouve dans une situation aussi difficile que celle de l'Argentine en 2001, rappellent les économistes Joseph Stiglitz et Martin Guzman dans le journal en ligne de centre-gauche El Huffington Post : "En Argentine comme en Grèce, la politique d'austérité a eu pour conséquence de transformer la récession en dépression, rendant de fait la dette encore plus insoutenable. Cette austérité était la condition sine qua non pour bénéficier d'une aide économique. Les deux pays se sont vus imposer, en pleine récession, des dispositifs de change qui ne leur ont pas permis de mener des politiques monétaires expansionnistes. Dans les deux cas, le FMI s'est trompé et a fourni des prévisions totalement erronées sur les conséquences des politiques imposées. Le chômage et la pauvreté se sont envolés et le PIB s'est effondré. … Les défauts de paiement sont difficiles, mais l'austérité l'est encore davantage. La bonne nouvelle pour la Grèce, c'est que, comme l'a montré l'Argentine, il y a une vie après la dette et le défaut de paiement."
L'échec de la croisade anti-austérité de Tsipras
Par sa façon de mener les négociations, le gouvernement grec s'est mis à dos tous les pays de la zone euro, observe le quotidien libéral The New York Times : "Le Premier ministre Alexis Tsipras a essayé, depuis l'arrivée au pouvoir de son parti Syriza, il y a six mois, de changer la donne dans les négociations sur le programme de sauvetage de son pays. Il a échoué. … Le gouvernement espérait probablement que s'il quittait la table des négociations et annonçait un référendum, les créanciers repenseraient leur intransigeance, par peur des conséquences économiques et politiques d'une sortie de la Grèce de la zone euro. C'est tout le contraire qui s'est produit : Athènes a resserré les liens entre l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie, exaspérées par le style de négociation des Grecs et l'agressivité de leurs revendications."
Le gouvernement grec déprave la gauche
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et son ministre des Finances Yanis Varoufakis profanent les idéaux de la gauche, selon le chroniqueur Werner Stanzl dans le quotidien libéral Wiener Zeitung : "Presque toutes les rédactions de gazettes, d'émissions radio et télévisées germanophones se sont évertuées à interpréter les formules creuses du Premier ministre grec Alexis Tsipras et de son ministre des Finances Yanis Varoufakis comme la quintessence d'une conscience de gauche. Rien ne disqualifie davantage cette attitude plus que la crédulité, en partie voulue et en partie naïve, qui a érigé les demi-vérités et les mensonges notoires d'Athènes en un programme socialiste paneuropéen. … Les politiques de gauche n'auraient jamais pris un risque aux conséquences aussi catastrophiques pour l'ensemble du peuple. Le jeu dangereux de Syriza témoigne d'un véritable mépris et a complètement souillé l'idéologie de gauche."
Grèce : le putsch d'Angela Merkel
Ces derniers jours, la Commission européenne et les politiques européens ont appelé les Grecs à approuver la politique d'austérité lors du référendum de dimanche. L'hebdomadaire libéral Proto Thema les critique vertement : "Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est un putsch postmoderne, coordonné par Berlin pour renverser un gouvernement de gauche démocratiquement élu. Merkel a déclaré hier que les différences existantes étaient de nature politique ; selon elle, il ne s'agirait pas d'argent, de 400 millions d'euros ou d'une quelconque autre somme. C'est la raison pour laquelle Wolfgang Schäuble a rejeté la dernière proposition de compromis du gouvernement grec. Il est clair que Berlin ne veut pas d'un accord ; elle veut seulement renverser le gouvernement et obtenir la soumission sans condition du pays. Si l'on peut reprocher quelque chose au gouvernement Tsipras, c'est de s'être laissé entraîner dans une guerre qu'il aurait pu éviter."