Obama dévoile son projet climatique
Les centrales américaines devront réduire leurs émissions nocives de près d'un tiers d'ici 2030 par rapport à 2005, a indiqué le président américain Barack Obama. L'initiative révolutionnaire d'Obama confère une grande importance à la conférence sur le climat de Paris en décembre, estiment certains commentateurs. D'autres redoutent un projet qui pourrait détruire selon eux des centaines de milliers d'emplois.
La protection climatique, mais pas à n'importe quel prix
Le projet d'Obama détruira trop d'emplois dans l'industrie minière américaine et ne fera que déplacer vers d'autres parties du monde le problème des émissions toxiques, critique le quotidien conservateur The Daily Telegraph : "Eviter l'épuisement des ressources de carbone de la planète et réduire la pollution constituent des objectifs louables, mais on ne peut les atteindre à n'importe quel prix. Un projet qui coûterait des centaines de milliers d'emplois (l'industrie du charbon est encore très importante aux Etats-Unis), et qui ne serait pas compensé par une création d'emplois dans les énergies renouvelables, mènerait à l'impasse. L'exploitation actuelle du gaz de schiste a déjà fait plonger les prix du charbon, lequel est écoulé à bas prix sur le marché mondial et consumé ailleurs. Ce n'est pas ce projet qui sauvera la planète, même s'il devrait permettre d'atteindre les objectifs que se sont fixés les Etats-Unis en matière d'émissions."
Le temps viendra à manquer
Pour pouvoir mettre en œuvre son projet climatique ambitieux, Obama manquera tout bonnement de temps, analyse le quotidien libéral Le Temps : "Alors qu'il approche de la fin de sa présidence, Barack Obama ne court plus les mêmes risques et peut davantage se permettre de provoquer ses adversaires. Dans le domaine du climat comme dans celui des relations internationales, pour imposer des limitations d'émissions comme pour prendre langue avec l'Iran et Cuba. Mais sa dernière manœuvre souffre d'un gros défaut. La bataille s'annonce rude avec ses adversaires républicains, qui ont déjà annoncé leur intention de mener une guérilla judiciaire contre son projet. Or, le président est désormais privé d'un des principaux ingrédients de la réussite: le temps. Si son camp perd la prochaine course à la Maison-Blanche, sa croisade risque fort d'en rester au stade du show."
Climat : la révolution Obama
Le projet d'Obama pourrait être une avancée pour la protection climatique mondiale, estime le quotidien chrétien Trouw : "Sa promesse de réduire les émissions de CO2 de 32 pour cent d'ici 15 ans est ambitieuse. Si Obama parvient à la tenir, les Etats-Unis seront loin d'être un précurseur en matière de protection climatique. Mais ils suivront au moins la même ligne que l'Europe. … D'un point de vue politique, ce serait une véritable révolution. … Ce qui est important ici, c'est l'influence que cette décision aura sur le débat climatique mondial. C'est parce que les Etats-Unis ont catégoriquement refusé de ratifier le protocole de Kyoto que de nombreux autres pays ont pu se permettre de rester passifs. Peut-être y a-t-il aujourd'hui plus d'ambitions sur le plan international. Le projet d'Obama est bien pensé et son contenu est bien plus prometteur que les paroles en l'air de la Chine."
De bon augure avant la conférence de Paris
L'initiative du président américain Barack Obama confère un certain poids à la conférence de Paris sur le climat, se réjouit le quotidien de centre-gauche La Repubblica : "Comme (presque) tous les présidents au cours de leur second mandat, Obama se soucie du legs politique qu'il laissera derrière lui. Lors de ses quatre premières années de mandat, il a donné aux Etats-Unis une réforme de la santé qui paraissait impossible à atteindre. … Il veut maintenant faire de la protection climatique une autre partie de cet héritage, et cela suffit à envoyer un message politique fort. En faisant de la lutte contre le réchauffement climatique une cause nationale, Obama s'approprie très clairement la protection climatique mondiale et donc aussi la conférence de Paris. Les mots choisis dans son annonce manifestent également la volonté d'Obama d'assurer un leadership au cœur des initiatives mondiales sur le climat. Le succès d'Obama - qui serait historique - dépend du résultat de la conférence de Paris."