Prêt à la Grèce : aux Parlements de se prononcer
Après l'accord du Parlement grec et celui de l'Eurogroupe, les Parlements d'autres Etats de la zone euro doivent se prononcer sur le nouveau programme de crédit à la Grèce. Si certains éditorialistes y voient l'opportunité d'un renouveau pour la Grèce, d'autres soulignent néanmoins que ce sont les banques et les créanciers qui empocheront l'argent débloqué.
Une opportunité historique
En acceptant le nouveau programme d'aide européen, le Parlement grec pave la voie au développement historique du pays, estime le quotidien libéral Südostschweiz : "Depuis le début de la crise, jamais les demandes de réforme n'ont été aussi détaillées. Les créanciers ont tiré les enseignements des programmes de sauvetage précédents et assoupli les mesures d'austérité pour qu'elles restent viables. L'accent est mis sur des réformes structurelles censées rendre le pays compétitif. C'est aussi une chance inouïe pour Tsipras. Pour peu qu'il le veuille, il peut accomplir une mission historique. Il peut moderniser son pays de fond en comble. Si le jeune Premier ministre met en œuvre les réformes demandées, la Grèce peut devenir l'un des pays les plus modernes d'Europe. Toutefois, beaucoup de réformes structurelles nécessiteront des années, voire des décennies, avant de porter leurs fruits. Il s'agit donc du projet d'une génération. La responsabilité qui incombe à Tsipras n'en est que plus grande."
Grèce : l'argent ira aux créanciers et aux banquiers
Sur les 26 milliards d'euros qui doivent être alloués à la Grèce dans le cadre de la première tranche du nouveau programme de crédit, 10 milliards doivent être affectés aux banques grecques en difficulté et 13 milliards au remboursement de dettes auprès de la BCE et du FMI. Les citoyens Grecs passent à la trappe, enrage le quotidien conservateur Dimokratia : "On ne verra même pas la couleur de 13 milliards d'euros sur la première tranche de 26 milliards. Ils ne passeront même pas par les caisses de la Grèce. … Voilà donc à quoi ressemblent la solidarité et la logique européennes. Les créanciers nous imposent des programmes que nous devons appliquer dans les larmes et la douleur, seulement pour qu'ils puissent récupérer ensuite leur argent. Et pour que les banques, dont on se réjouissait qu'elles aient récemment 'réussi' les tests de résistance, et alors même qu'on les avait déjà renflouées avec les premier et second mémorandums d'austérité, puissent elles aussi récupérer leur argent ! Si ce n'est pas du cynisme, qu'est-ce donc ?"
Athènes, à jamais prodigue
Les ministres des Finances de la zone euro ont approuvé vendredi un troisième prêt à la Grèce. Sur son blog euinside, Adelina Marini ne pense pas qu'Athènes gèrera ces nouveaux fonds de 86 milliards d'euros de manière plus responsable que les précédents : "L'expérience des deux programmes d'aide précédents, et inachevés, n'a pas été très concluante et la situation politique de la Grèce et de la zone euro n'est pas vraiment stable. Dans ce contexte, il y a peu de raisons d'être optimiste. … Qui peut garantir qu'après le versement de la première tranche et une éventuelle remise de dette, le gouvernement grec ne retombera pas dans ses vieilles habitudes gauchistes et recommencera à dépenser plus qu'il n'encaisse ? Le gouvernement sait pertinemment qu'au nom du sauvetage de la zone euro et de la bonne entente avec le FMI, soutenu par les cris hystériques d'économistes américains de gauche, tous ses péchés lui seront pardonnés."
Pas d'Europe sans consensus
L'Europe ne peut fonctionner si elle doit s'évertuer sans cesse à satisfaire les intérêts de tel ou tel pays, écrit le quotidien libéral-conservateur Corriere della Sera : "Voulons-nous encore de l'Europe ? C'est la question que se posent les citoyens et c'est aussi celle que devraient se poser les dirigeants des Etats membres de l'UE. Or on peut craindre que les seconds répondent par un 'oui' tout bureaucratique. Et que l'idée qui sous-tend leur réponse, ce n'est pas une Europe qui soit la synthèse de ses composantes, mais plutôt un concept taillé sur mesure et qui ressemble à leur pays respectif. Le plan d'investissement Juncker a été approuvé en décembre 2014. Le but affiché était de dire que l'UE ne se limite pas aux querelles sur les règles et les directives budgétaires. Or on n'entend plus parler de ce plan. Si les réformes et la flexibilité sont les conditions nécessaires à la croissance dont l'Europe a besoin, les investissements et le consensus en sont le moteur."