Réfugiés : Merkel monte au créneau
La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé lundi à Berlin que l'Allemagne redoublerait d'efforts pour gérer la crise des réfugiés. Elle a par ailleurs appelé à une plus grande coopération entre les pays de l'UE. Merkel assume enfin son leadership en Europe, se réjouissent certains commentateurs. D'autres déplorent "la naïveté" de sa position.
L'Allemagne assume enfin son leadership
L'Europe peut s'estimer heureuse qu'un pays prenne les devants dans la crise des réfugiés, écrit le quotidien libéral Corriere del Ticino : "C'est à l'épreuve des guerres et des situations d'urgence que se révèlent les grands leaders. L'Europe souffre d'un véritable manque de leadership, à une exception près : Angela Merkel. Sa prise de position sur les réfugiés est vouée à transformer en profondeur la carte hégémonique du continent. … Le terme d''hégémonie allemande' ne plaît pas. Il s'agit d'un tabou européen et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble le rejette. Peut-être parce qu'il est synonyme de responsabilité accrue, et donc de coûts plus élevés. Mais il ressort des récents discours du président Joachim Gauck et du ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier une véritable prise de conscience du rôle d'acteur mondial qui échoit au pays. L'acceptation d'une responsabilité supérieure, du leadership économique mais aussi stratégique de l'Allemagne, ne devrait pas inquiéter les alliés européens et leur rappeler de vieux démons."
Des intentions à concrétiser
Si Merkel a tardé à se prononcer sur la politique d'asile, c'est dans un discours remarquable qu'elle a fini par le faire, se félicite le quotidien conservateur Die Welt, qui réclame désormais que les choses évoluent rapidement pour le mieux : "Merkel veut donc prendre le taureau par les cornes. En adoptant un dispositif légal qui supprime les obstacles les plus absurdes aux aides et qui les accélère, mais aussi en augmentant les dépenses. La chancelière va devoir rapidement transposer ses annonces dans les faits si elle ne veut pas que l'effet de son allocution ne tourne en eau de boudin. La politique la plus puissante du continent doit mettre son pouvoir à l'échelle européenne au service d'une répartition plus juste des réfugiés, mais aussi de la suppression des subventions et des droits de douane, qui privent les pays africains de toute perspective de développement. La promesse de la nouvelle politique migratoire de Merkel avait des accents pragmatiques et optimistes quasi américains. En effet, les chances qu'un grand effort national réussisse ne sont pas si mauvaises. Une grande coalition [CDU-CSU/SPD], bien rodée qui trouverait enfin sa vocation. … Flanquée d'une économie qui tourne à plein régime et de l'une des meilleures administrations au monde."
Réfugiés : la naïveté de Merkel
La chancelière Angela Merkel a affirmé que l'Allemagne pouvait accueillir encore plusieurs centaines de milliers de réfugiés. Des propos naïfs, selon le quotidien conservateur Figaro : "S'il y a peut-être, en Allemagne, des capacités d'embauche, dans l'industrie ou dans les services, pour ces centaines de milliers de migrants ayant atteint l'âge adulte, ces capacités n'existent assurément ni en Italie, ni en Espagne, ni en France, pays incapables d'offrir des emplois à leurs propres jeunes. … Elle semble voir l'homme comme un être exclusivement économique. La réalité est que c'est avant tout un être culturel. Pourquoi avons-nous connu des émeutes de banlieues en Suède, pays pratiquement dépourvu de chômage ? A l'évidence, l'Europe n'a pas encore réussi la pleine intégration sociale et culturelle de ses musulmans issus de l'immigration économique des années 1960. Il est curieux que Mme Merkel se refuse à le constater."