COP21 : des attentes considérables
La conférence de l'ONU sur le climat débute lundi à Paris. Le fait que plus de 170 Etats aient déjà promis des programmes nationaux de protection climatique est déjà un succès, jugent certains commentateurs. D'autres déplorent que la réforme de l'agriculture et les investissements dans les énergies renouvelables ne figurent toujours pas à l'ordre du jour.
La COP21 est prometteuse
La conférence mondiale sur le climat sera une réussite, croit savoir le quotidien de centre-gauche Tages-Anzeiger : "Paris n'est pas Copenhague où, il y a six ans, les négociations en vue d'un nouveau traité sur le climat pour l'après 2020 avaient lamentablement échoué. Mais l'échec de Copenhague a été une bénédiction pour la politique internationale du climat. Il a constitué le début d'un changement de paradigme. De plus en plus, on a pu assister à une prise de conscience au sein de la communauté des Etats membres de l'ONU : à savoir que des obligations contraignantes relatives à la réduction des gaz à effet de serre ne peuvent aboutir à l'échelle mondiale si tous les pays membres de l'ONU, riches ou pauvres, industrialisés, émergents ou en voie de développement, n'apportent pas leur contribution à la protection du climat. A Paris, il est prévu que les programmes autonomes nationaux sur le climat de tous les Etats soient rassemblés selon leurs possibilités économiques et politiques respectives. Les promesses de 177 Etats sont sur la table, soit plus de 90 pour cent des émissions globales. En soi, c'est déjà une réussite."
Ne pas s'attendre à une révolution
A Paris, la planète devra former une alliance contre le changement climatique, préconise le quotidien libéral Dennik N : "Le sommet de Copenhague, en 2009, avait été un fiasco. … Beaucoup de choses ont changé depuis. On avait cru, brièvement, que la température mondiale avait cessé d'augmenter. Or les deux dernières années ont été les plus chaudes enregistrées depuis que les relevés météorologiques existent. … On sait que de nombreux pays pauvres ne pourront mener de véritable combat contre les émissions sans l'aide des pays riches. Mais quels que soient les problèmes, il ne faudra pas perdre de vue le constat auquel sont parvenus les scientifiques sur le climat : la planète, par notre faute, court à la catastrophe. Il y a aussi des avis divergents, mais on ne peut ignorer les avertissements, majoritaires. Il faudra poursuivre les efforts visant à stopper le réchauffement lié aux facteurs anthropiques. La conférence de Paris attestera de notre capacité à tirer des enseignements de nos erreurs. On ne peut s'attendre, toutefois, à un tournant révolutionnaire dans la lutte contre le réchauffement climatique."
Quid de l'agriculture ?
La conférence de Paris sur le climat ne reconnaît pas, elle non plus, le rôle prépondérant joué par l'agriculture dans le rechauffement climatique, critique Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food, dans le quotidien de centre-gauche La Repubblica : "A lui seul, le secteur de l'élevage est responsable de 14 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. … Pourtant, dans les 54 pages du texte des négociations, les termes 'agriculture', 'biodiversité' et 'cultures' n'apparaissent pas une seule fois. On s'intéresse avant tout aux secteurs de l'énergie, de l'industrie lourde, des transports ; la protection des sols et la sécurité alimentaire sont également évoquées, mais on ne nomme pas de façon explicite le rapport direct entre climat, agriculture et alimentation. … Pour apporter des réponses concrètes au problème du réchauffement climatique, il est nécessaire de changer radicalement de paradigme - économique, social et culturel - et de promouvoir une agriculture basée sur des pratiques agro-écologiques et un système différent de production, de distribution et d'accès à la nourriture."
Développer aujourd'hui les énergies de demain
Il est grand temps d'investir davantage dans le développement de nouvelles technologies pour la protection climatique, souligne l'hebdomadaire économique libéral The Economist : "Grâce à des subventions généreuses, les technologies pauvres en carbone peuvent continuer à exister. Mais l'objectif devrait consister à introduire celles de demain. Les entreprises du secteur de l'énergie, contrairement par exemple aux sociétés pharmaceutiques ou automobiles, n'attendent pas de grandes retombées des technologies nouvelles. Et l'Etat a peu comblé cette lacune. Un engagement général pour augmenter rapidement et diversifier les dépenses en matière de R&D serait préférable à toutes les propositions qui pourraient être faites à Paris."