La proposition islamophobe de Donald Trump provoque un tollé
De grands noms de la politique américaine ont vivement critiqué la proposition faite par Donald Trump, l'un des prétendants à l'investiture républicaine pour les présidentielles de 2017. Celui-ci souhaiterait tout bonnement interdire aux musulmans l'entrée sur le territoire américain. Il est déplorable que cette rhétorique discriminatoire séduise l'électorat, commentent les éditorialistes, redoutant que ces propos ne fassent le jeu des terroristes.
Les ennemis de l'Amérique aiment Trump
La proposition de Donald Trump est aussi stupide que dangereuse, selon le quotidien conservateur The Times : "Le simple fait de s'atteler à dénoncer l'absurdité du raisonnement qui sous-tend une telle proposition - sans parler du caractère irréalisable de sa mise en œuvre - serait néfaste. … Mais il serait également inutile et offensant de rappeler que les habitants musulmans d'Amérique, qui bénéficient des mêmes droits que les autres citoyens, ont globalement un bon niveau d'instruction, sont patriotes et pacifiques. Faire l'amalgame entre des millions de personnes ordinaires et modérées et un petit groupe vicieux d'extrémistes religieux, ceci reviendrait à obtenir par la stupidité ce que les terroristes ne peuvent obtenir par la violence. … Un trop grand nombre de non-Américains croiront voir une nation effrayée qui se replie dans l'hypocrisie et l'isolationnisme plutôt que de jouer un rôle actif dans le combat du monde libre pour vaincre la barbarie de Daech. Disons le sans ambages : les ennemis de l'Amérique adorent Trump."
L'islamophobie, une haine fédératrice...
La nouvelle sortie islamophobe de Donald Trump ne contribue pas à relever le niveau de la campagne électorale américaine, commente le quotidien social-chrétien Trouw, établissant un parallèle avec l'Europe : "Le pire, c'est que ce cap radical et discriminatoire plaît aux électeurs. … Dans une allocation télévisée réfléchie, le président Obama a appelé à ne pas prendre des groupes entiers de population comme boucs émissaires. … Les valeurs qu'il a invoquées constituent non seulement le fondement de l'Etat de droit américain, mais aussi celui de la plupart des pays européens. Il est regrettable de voir que nous, les électeurs, soyons également séduits par cet appel à l'hostilité, comme le montrent la victoire du Front national aux régionales françaises et la progression du PVV [de Geert Wilders] dans les sondages aux Pays-Bas. Ce dernier va jusqu'à rechercher ouvertement des candidats qui éprouvent 'une répulsion vis-à-vis de l'islam'. Une posture bien éloignée des idéaux de liberté et d'égalité qui sont au cœur de notre démocratie".
Des provocations qui trouvent un terrain fertile
La popularité de Donald Trump illustre la division de la société américaine, pointe le quotidien libéral Dennik N : "Trump considère que sa richesse suffit à le rendre présidentiable. Or imaginer qu'un tel individu puisse être élu fait grincer des dents, mêmes dans les rangs des républicains. Par bonheur, il est peu probable qu'il y parvienne. Des étoiles qui se sont éteintes prématurément, les républicains en ont vu d'autres. … Quand bien même il gagnerait la candidature du parti, il lui faudrait encore battre le candidat, ou plutôt la candidate des démocrates. A ce stade seulement, on pourrait parler de catastrophe. Mais même si Trump jetait l'éponge demain, le soutien dont ils bénéficiera longtemps encore en dit long sur les peurs de nombreux électeurs - des peurs que les politiques n'hésitent pas à exploiter. Mais aussi sur la recherche de boucs émissaires et sur les fossés qui se creusent entre les groupes sociaux."
Les républicains doivent se débarasser de Trump
En demandant d'interdire aux musulmans l'entrée sur le territoire américain, Trump se disqualifie aussi auprès de ceux qui le soutenaient jusque-là, selon le quotidien de centre-gauche El País : "Il est très préoccupant qu'un individu qui méprise les femmes, les noirs, les latinos, et maintenant les musulmans, devance toujours aussi nettement ses rivaux à l'investiture républicaine dans les sondages. Alors qu'il avait toujours été une simple anecdote préélectorale, Trump est en train de devenir, juste avant le début des primaires républicaines, un élément perturbateur qui menace les principes fondamentaux sur lesquels reposent la cohésion et l'histoire des Etats-Unis. C'est pourquoi il est à tel point significatif que d'importants représentants du Parti républicain osent enfin critiquer ce magnat provocateur, sans tenir compte des sondages. … Il appartient maintenant à la société et aux électeurs de le faire."