La Croatie entend rejoindre la zone euro
En visite à Berlin, le Premier ministre croate Tihomir Orešković a annoncé que son pays adopterait l'euro d'ici quatre ans. Compte tenu du fort endettement du pays et de sa piètre situation économique, les éditorialistes sont sceptiques quant à la réussite du projet.
Pourquoi monter à bord d'un bateau en perdition ?
Mais pourquoi la Croatie devrait-elle donc adhérer à la zone euro ? se demande le quotidien de centre-gauche Novi list, dubitatif :
«L’Allemagne se sert de l’euro pour dominer l’UE sur les plans économique et politique. La Grèce, la France, l’Italie, l'Espagne, le Portugal et les autres pays ont de plus en plus de mal à le supporter et constatent l’émergence de nouveaux mouvements radicaux qui remettent en cause l’euro et les institutions européennes. Une politique monétaire commune semble tout aussi improbable qu’une politique migratoire commune. Les Etats membres ont des besoins différents et les décisions uniformes de la Commission profitent aux uns et nuisent aux autres. … L’UE est un navire en train de sombrer et la Commission ressemble à l’orchestre du Titanic, a souligné le Premier ministre italien Matteo Renzi. Pourquoi notre Premier ministre veut-il donc nous faire monter à bord juste avant le naufrage ?»
L'adhésion à l'euro n'est pas une gageure
Malgré la crise économique actuelle, l’entrée dans la zone euro n’est pas une mission impossible pour la Croatie, écrit avec optimisme le quotidien libéral Jutarnji list :
«Tout cela n’est pas aussi compliqué qu’il n’y paraît. Commençons par prouver que nous sommes capables de réduire la dette publique, ce que de toute façon nous devrons faire, et plaçons-nous ensuite sous le patronage de la Banque centrale européenne. Sa bienveillance est la garantie d’une croissance économique continue et stable. … Il est certes irréaliste de supposer que nous pourrions rapidement rassembler les milliards d’euros nécessaires pour venir à bout de notre dette monumentale, qui nous sépare de la zone euro. Mais qui dit que d’autres pays qui ont rejoint la zone euro remplissaient tous les critères à 100 pour cent ? Avec diplomatie politique, une once de chance et le soutien des grands et des puissants, par exemple d'Angela Merkel, tout est possible.»
L'euro reste une chimère
Le souhait du Premier ministre Tihomir Orešković d'introduire l’euro dans quatre ans semble peu vraisemblable, estime de son côté le quotidien conservateur Večernji list :
«Si l’on tient également compte de considérations mathématiques, la zone euro paraît encore loin. Douze milliards d’euros : telle est la somme qui nous sépare encore de la monnaie unique ; soit le montant dont il faudra réduire la dette publique dans les deux prochaines années pour amorcer la phase d’adhésion. Pour remplir les conditions du traité de Maastricht, il faudrait suspendre complètement pendant deux ans le versement des retraites et ne payer aucun salaire dans le public durant un semestre. Ou bien, d'un point de vue plus optimiste, c’est-à-dire depuis l’angle des recettes, il faudrait espérer une croissance annuelle de 30 pour cent pour parvenir au désendettement escompté.»