LuxLeaks : faut-il protéger les lanceurs d'alerte ?
A Luxembourg, les lanceurs d’alerte de l’affaire LuxLeaks comparaissent aujourd’hui au tribunal. On leur reproche d’avoir volé des données et divulgué des données confidentielles. Pour la presse, les vrais coupables ne sont pas sur le banc des accusés.
Le coupable n'est pas sur le banc des accusés
Le quotidien Libération veut rappeler quelque chose aux juges avant l'ouverture du procès LuxLeaks :
«[Les lanceurs d'alerte] ne sont pas forcément des consciences du monde, mais ils accompagnent la prise de conscience des maux du nouveau siècle : l’hyper-surveillance, le 'big pharma' et ses maxi-profits, le capitalisme financier tellement puissant qu’il échappe à toute régulation. … Les lanceurs d’alerte sont les grains de sable dans ces machines qui feront tout pour les broyer. Il convient de les distinguer des escrocs et des délateurs, puis d’apporter à ces vigies d’un espace démocratique en voie de réduction une nécessaire protection. Qui commence par rappeler aux procureurs que le coupable n’est pas dans le box des accusés.»
Protéger les lanceurs d'alerte
Le comité de soutien d'Antoine Deltour, lanceur d'alerte accusé au Luxembourg, s'indigne du procès sur un blog hébergé par Mediapart :
«Un comble ! Le délinquant ce serait lui, alors que de tous côtés on le félicite de son acte et on salue son courage, récompensé notamment en 2015 par un Prix du citoyen européen remis par le Parlement européen ? Quelle que soit l'issue du procès, la situation vécue par Antoine pose la question du sort des lanceurs d'alerte. Leurs actions permettent de faire avancer des dossiers occultés ou restés en déshérence trop longtemps. Mais la législation les protège mal. Pire, dans la directive sur le secret des affaires, votée au Parlement européen le 14 avril dernier, l'exemption concernant les lanceurs d'alerte est suffisamment ambigüe pour qu'ils encourent malgré tout des poursuites judiciaires.»