L'UE maintiendra-t-elle les sanctions contre la Russie ?
Pour la première fois depuis l’annexion de la Crimée, des politiques européens ont rencontré le président russe Vladimir Poutine. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le Premier ministre italien, Matteo Renzi, se sont rendus jeudi au forum économique international de Saint-Pétersbourg. L’occasion pour les commentateurs de spéculer sur l'avenir des sanctions contre Moscou.
Moscou privilégie toujours la confrontation
L’intervention de Jean-Claude Juncker au forum économique de Saint-Pétersbourg pourrait laisser présager la fin des sanctions contre la Russie. Il n’en est rien, souligne cependant le quotidien conservateur Die Presse :
«Pour qu’un assouplissement des sanctions européennes puisse être envisagé, la Russie devra joindre les actes à la parole dans la région du Donbass. On a parfois pu constater, dans certains points du processus de négociations, que Moscou pouvait changer d’attitude quand elle le voulait : l’échange de prisonniers avec l’Ukraine en est un signe positif. A l’automne dernier, le cessez-le-feu avait tenu pendant plusieurs semaines. Le soutien que le Kremlin apporte aux séparatistes n’est pas non plus illimité. Dans les médias russes proches du régime, qui passent pour être le porte-voix du Kremlin, l’opération militaire opaque et infructueuse en Ukraine orientale a depuis longtemps été supplantée par l'intervention en Syrie, plus populaire et qui recourt à des armes modernes. Malheureusement, Moscou semble toujours disposée à croire qu’elle est en mesure de résoudre le conflit avec l'Europe en misant sur la politique énergétique, la temporisation ou l’affaiblissement de son adversaire.»
Un dégel annoncé
Les sanctions contre la Russie pourraient être levées en fin d’année, affirme Il Sole 24 Ore :
«Pour les 500 entreprises de 60 pays présentes à Saint-Pétersbourg, la sensation que le vent pourrait bientôt tourner se mêle à une certaine prudence : elles ont certes répondu à l’invitation qui leur a été faite, mais elles veillent à ne pas se mettre trop en avant dans un évènement qui, au rythme de dizaines de débats et de signatures d’accords, apparaît essentiellement panrusse. Et comme, parmi les stands qui représentent les diverses régions de la Fédération, on ne manque pas de distinguer le pavillon de la Crimée, il reste difficile d’oublier que la crise ukrainienne est encore loin d’être révolue. Comme on ne s’attend pas non plus à des concessions de la part de Poutine, personne ne doute que les sanctions européennes contre Moscou seront renouvelées pour six mois de plus, lors du Conseil européen du mois de juin. Mais vu que cette guerre froide économique représente des milliards de dollars de pertes pour plusieurs pays européens, il faut s’attendre - et se préparer – à un revirement à la fin de l’année.»