Le sommet de l'ONU, un espoir pour les réfugiés ?
Lors du sommet de l'ONU dédié à la crise migratoire à New York, les 50 Etats participant se sont engagés à accueillir cette année 360.000 personnes forcées à quitter des régions en guerre et en crise. Ils ont prévu une augmentation des fonds d'aide destinés aux réfugiés de 4,5 milliards de dollars par rapport à 2015. Les commentateurs approuvent cette approche mondiale et orchestrée pour faire face à la crise migratoire, mais regrettent que certains Etats fassent d'ores et déjà cavalier seul.
La réputation du Danemark jetée en pâture
Alors que le sommet de l’ONU sur les réfugiés a recommandé de revoir à la hausse les contingents de réfugiés, le Danemark pour sa part ne veut plus en accueillir aucun, selon la déclaration de sa ministre de l’intégration du parti libéral. Levée de bouclier au quotidien Der Nordschleswiger :
«Ce non est un message politique clair adressé aux électeurs danois. ... Envers le reste du monde, le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen continue de jouer au gentil danois. Aux Nations unies, il a ratifié la nouvelle déclaration de l’ONU sur les réfugiés. … Les signataires ont exprimé par leur engagement leur volonté de se battre pour augmenter la répartition par quota des réfugiés. Or, rappelons-le : le gouvernement vient de décider de porter à zéro le nombre de réfugiés à accueillir. Il est atterrant de voir toute une génération de politiques, obnubilés par la soif de pouvoir à court terme et à seul dessein de gagner les faveurs de la plèbe, se salir les mains en jetant si allègrement par-dessus bord le patrimoine politique mondial du Danemark, patrimoine qui constitue une contribution certes modeste pour le bien dans le monde, mais pouvant faire des émules.»
La solution doit être mondiale
Seule une approche internationale sera en mesure de résoudre la crise des réfugiés, explique Večernji list :
«L’essentiel est de comprendre qu’aucun Etat ne pourra résoudre seul la question des réfugiés. Ce n’est pas les politiques qui attisent la peur en brandissant le thème de la migration pour glaner des voix qui doivent en prendre conscience, mais ceux qui veulent faire évoluer leur pays et leurs citoyens. C’est une question européenne, et non pas une question hongroise, française, allemande ou celle d'un autre pays européen isolé. Il suffit de considérer notre continent et les vagues de migration redoutées au plus haut point pour saisir que nous devons envisager ce phénomène à l’échelle du européenne. … Une politique nationale, des gardes-frontières ou des murs de protection localisés ne pourront pas contenir un phénomène mondial. Il faut réduire la pauvreté et mettre fin aux guerres, c'est-à-dire s'attaquer aux racines des flux migratoires.»
Des contingents de réfugiés pour mettre fin aux trafics
Augmenter les contingents de réfugiés et l’aide financière aux camps de réfugiés à proximité des zones de crise serait aussi judicieux qu’humain, exprime Expressen :
«Les réfugiés faisant partie du contingent seraient sélectionnés par l’UNHCR en coopération avec les pays d’accueil. Ceci permettrait de les relocaliser directement, ce qui mettrait fin aux traversées périlleuses de la Méditerranée, démentellerait les réseaux de passeurs et donneraient aux femmes et aux enfants une chance de survivre, puisque la force et l’endurance ne seraient plus des critères décisifs. Les personnes en danger imminent trouveraient protection et grâce aux aides financières sur le terrain à proximité des foyers en crise, on atteindrait un nombre important de réfugiés. Aux pays donateurs de tenir leurs promesses. Hélas, ce n’est pas toujours le cas. Mais nous sommes en bonne voie.»
L'engagement citoyen pour mettre fin au cauchemar
Face à des gouvernements incapables de mettre sur pied une politique migratoire plus humaine, le secrétaire général d’Amnesty International Salil Shetty lance dans La Libre Belgique un appel aux citoyens, les exhortant à prendre eux-mêmes les choses en main :
«Nous espérons tous qu’en cas de guerre ou de persécution, nous pourrions trouver refuge quelque part. C’est exactement de cela qu’il s’agit actuellement. Si les dirigeants continuent de tergiverser face à de grandes souffrances, nous risquons de nous retrouver dans un monde de cauchemar où un nombre toujours croissant de civils frappés par un conflit n’ont nulle part où se réfugier, et sont renvoyés dans les zones de guerre qu’ils ont dû fuir. Il nous appartient à nous tous de demander maintenant à nos gouvernements d’agir sans plus tarder pour empêcher un avenir catastrophique. Il nous appartient de demander à nos gouvernements d’accueillir les réfugiés, et il leur appartient de les accueillir.»
La politique édifiante d'aide aux réfugiés de la Grande-Bretagne
Au sommet de l’ONU à New-York, la Première ministre britannique Theresa May a appelé à mieux opérer la distinction entre les réfugiés de guerre et les migrants économiques, préconisant que les réfugiés restent dans leur pays d’arrivée dans l’UE. The Times abonde en son sens :
«La Grande Bretagne fait figure de sans cœur car elle a accueilli moins de réfugiés que d’autres Etats membres de l’UE. Il n’en reste pas moins que la Première ministre a raison de souligner que la Grande Bretagne privilégiait l’action sur le terrain. Dans la région en crise, la Grande Bretagne figure parmi les donateurs les plus généreux. … Il faut réduire les effets d’appel d’air tout en assumant ses responsabilités envers ceux qui sont véritablement dans une situation désespérée. Angela Merkel a exprimé hier son regret d'avoir ouvert la porte à un flot important de réfugiés. La Grande-Bretagne pourrait faire mieux, ce qui vaut aussi pour d’autres membres de l’UE et pour les Etats-Unis. Mais elle peut être fière de l’aide qu’elle a apportée à ce jour.»